TOUT EST DIT

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vendredi 26 novembre 2010

Gérer la pénurie


Mardi 16 novembre, Nicolas Sarkozy s’était attaché à donner une image plus consensuelle, plus sereine, plus rassurante que celle que lui connaissent les Français. C’était, en creux, une façon de faire son autocritique sur le style de gouvernance qu’il a imposé au pays depuis 2007. Pour son discours de politique générale, hier, François Fillon n’a rien changé. Il a fait du Fillon : sobre, sérieux, combatif. Il a démontré que, pour lui, la constitution d’un gouvernement peu différent du précédent n’aura été qu’une péripétie. Et que si remaniement il y a, il est à chercher du côté de l’Élysée et non de Matignon.


Il y a pourtant une vraie rupture politique, qui a été imposée à l’attelage exécutif par la crise, par l’échec des grandes options choisies en 2007, ainsi que par Bruxelles. François Fillon martèle qu’il assume son bilan, et qu’il continuera les réformes. Encore faut-il savoir lesquelles ! Celles qui sont à venir, sur le plan budgétaire, prennent l’exact contre-pied de celles d’il y a trois ans : le bouclier fiscal va être supprimé, la baisse des impôts est oubliée et le mot « rigueur », qui était tabou, est réhabilité, au moins dans la bouche du Premier ministre.


François Fillon continue d’affirmer qu’il n’y aura pas de hausse des impôts. Or, l’augmentation des recettes fiscales est déjà enclenchée ! Pour l’instant, elle porte le nom de « rabotage des niches ». Un terme anodin et trompeur, car la facture du plus grand nombre va s’envoler. Et ce n’est pas fini : pour atteindre l’objectif de « produit constant » de l’imposition malgré la suppression annoncée de l’ISF, il faudra « raboter » bien plus encore, et sur une surface plus large. Il y a fort à parier qu’en échange de la suppression de l’injuste bouclier fiscal, on va répartir sur les classes moyennes la taxation du patrimoine qui ne touche, pour l’instant, que les très riches.


Rien, en tout cas, ne sera gratuit : l’instauration d’une assurance « dépendance », promise par Nicolas Sarkozy, se fera, a précisé François Fillon, en parallèle avec la « régulation » des dépenses de santé. Là encore, la réforme à venir pourrait déshabiller Pierre pour habiller Paul. On se demande d’ailleurs comment rogner encore une assurance maladie déjà exsangue. La première partie du quinquennat a creusé le déficit. Les dix-huit mois restants seront consacrés, par la force des choses, à gérer et à répartir la pénurie.

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