TOUT EST DIT

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mercredi 27 octobre 2010

Une image «à faire peur»


L’actualité médiatique est grande consommatrice d’anniversaires. Difficile de lui en vouloir quand, souvent, il lui est reproché d’abandonner les sujets, après les avoir usés jusqu’à la corde. Il y a cinq ans, donc, des émeutes éclataient à Clichy-sous-Bois, en banlieue parisienne, après la mort de deux jeunes garçons qui s’étaient réfugiés dans un transformateur pour échapper aux policiers ; ces derniers viennent d’être renvoyés devant un tribunal et chacun en espère davantage de clarté sur ce qui s’est réellement passé ce soir-là… Car les interrogations – et les peurs – demeurent face à cet embrasement.


Comment va Clichy-sous-Bois depuis 2005 ? L’argent débloqué pour des rénovations urbaines a indéniablement permis de rendre certaines cités plus habitables. Le maire de la ville comme les militants associatifs reconnaissent ce qui s’est amélioré. Sans sous-estimer ce qui doit être fait encore, en matière de logements, de transports pour désenclaver les quartiers, de sécurité pour que les délinquants n’imposent pas leur loi aux autres habitants, d’intégration scolaire etc. Mais le contexte social général – notamment l’augmentation du chômage – aggrave la situation. Et l’État, englué dans le déficit des finances publiques, ne peut tenir toutes ses promesses financières. On voit aussi que la violence n’est jamais loin chez certains jeunes pressés d’en découdre avec la police, symbole à leurs yeux d’une société hostile. De cet antagonisme, peuvent à tout moment naître des convulsions qui, largement relayées, contribuent à enfermer les habitants de ces villes dans une « image à faire peur ».


Bataille d’images il y a cinq ans ; bataille d’images aujourd’hui encore. Comment rendre compte des difficultés de ces quartiers sans jeter l’opprobre sur les « banlieues » en général et sur leurs citoyens ? Au point qu’en être issu devient un handicap sur une carte d’identité ou sur un CV, ce qui accentue le sentiment de relégation et… le ressentiment. Comment convaincre que les banlieues requièrent l’attention de tous, pas seulement parce qu’elles risquent de s’enflammer, mais parce que des hommes, des femmes et de très nombreux jeunes y vivent ? Et n’y vivent pas très bien.

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