mercredi 27 octobre 2010
Réunion du G20 et “guerre monétaire” :
le dindon de la farce européen
Les ministres des Finances du G20 se sont réunis vendredi et samedi à Gyeongju (Corée du Sud), pour préparer le sommet du G20 des 11-12 novembre prochain. Au programme : stopper la « guerre des changes » et réformer la gouvernance du FMI.
Qualifiée par Dominique Strauss-Kahn de « plus importante réforme jamais adoptée » au sein du Fonds monétaire international, la principale avancée réside dans le transfert éventuel de plus de 6 % des quotas et droits de vote des pays avancés vers les pays émergents dynamiques d’ici à 2014 (l’Europe cèderait 2 sièges sur 9). Le Groupe des 20 a également entériné un accord visant à « s’abstenir de toute dévaluation compétitive », Washington et Paris appelant les puissances exportatrices à réduire les déséquilibres excessifs de leurs balances extérieures. Cette proposition vise sans la nommer la Chine, accusée de maintenir sa monnaie, le yuan, à niveau anormalement bas. Dans ce contexte, les pays de l’ex-G7 (France, GB, Allemagne, EU, Canada, Japon, Italie) se sont réunis en amont pour concerter leur action.
Mais ce front souhaité par Paris et Washington face aux pays exportateurs pratiquant la dévaluation compétitive a récemment été affaibli par l’interventionnisme, notamment du Japon, qui a vendu le 15 septembre des yens pour 20 milliards de dollars ; de la Corée du Sud, qui a stoppé l’appréciation du won, ou du Brésil, qui a autorisé son fonds souverain à vendre des reals (monnaie brésilienne) pour l’Etat.
C’est donc sans surprise que le Japon, l’Arabie saoudite ou l’Allemagne, grands exportateurs, ont rejeté samedi la proposition américaine de limiter le niveau des excédents commerciaux des pays du G20 à 4 % du PIB d’ici 2015, une « stratégie de revers » conçue par le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, pour contraindre la Chine à réévaluer sa monnaie. Mais en dépit de quelques signes d’assouplissement, Pékin persiste à refuser de réévaluer significativement le yuan, sa stratégie économique reposant entièrement sur l’exportation à très bas coût, même si cela appauvrit les Chinois en termes de parité de pouvoir d’achat.
Ainsi, la différence entre le PIB en parité de pouvoir d’achat et le PIB nominal chinois est de 80 %. Théoriquement, cela signifie que les Européens pourraient taxer à 80 % de droits de douane les produits chinois importés pour conjurer cette concurrence déloyale ! Ce qui est irréalisable. Mais cela signifie que la guerre des changes menée par la Chine et d’autres pays exportateurs à monnaie sous-évaluée risque à terme de détruire les industries des pays occidentaux, notamment européens, les plus vulnérables face au dumping social asiatique.
Il est clair que l’ouvrier européen est en situation de concurrence totalement déloyale face à l’ouvrier chinois, dénué de protection sociale et sous-payé. Cela est accentué par l’effet multiplicateur du yuan sous-évalué. Ainsi, en refusant de remettre en question le dogme de l’euro fort, les Etats européens pénalisent leurs exportations, s’interdisent tout effet d’allégement de la dette et s’imposent une rigueur insoutenable au détriment de la relance. A l’opposé, les Etats-Unis, maintiennent un dollar bas en activant la planche à billets pour relancer l’économie, tandis que la Chine et d’autres pays exportateurs dopent leurs exportations par une monnaie sous-évaluée.
Véritable dindon de la farce, l’Union européenne, dominée par une Allemagne traumatisée par la crise de 1929 et obsédée par la monnaie forte, continue de se croire puissante grâce à l’euro fort supposé attirer les capitaux mondiaux, mais elle s’empêche de jouer à armes égales avec ses concurrents et s’appauvrit…
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