mercredi 27 octobre 2010
Place aux jeunes
A toute chose malheur est bon. S'il débouche sur un dialogue consacré à l'emploi des jeunes, le conflit des retraites n'aura pas été totalement désastreux. Ouverte par François Chérèque (CFDT) et Laurence Parisot (Medef), appuyée par François Fillon, cette perspective promet de remettre le débat public sur de bons rails, car tournés vers l'avenir. Ils conduisent en effet à se pencher avec sérieux sur le sort de ces nouvelles générations d'actifs qui, moins nombreuses que leurs aînées, devront assurer la prospérité de tous et rembourser l'insoutenable fardeau de dette que nous leur léguons en testament de notre pusillanimité collective.
La place des jeunes dans l'économie française mériterait bien que le pays y consacre au moins autant de passion, d'énergie, de fureur qu'il en a mises à défendre la situation des retraités. C'est toute une conception de notre vieille société qui s'exprime à travers cette fascination sans égale pour la vie après le travail. Aussi, à la condition qu'elle ne soit pas tournée en opération de diversion, cette initiative des partenaires sociaux offre comme un bain de jouvence. Dans une France en voie de déclassement accéléré, l'urgence est moins de préserver les rentes sociales que de permettre aux jeunes, leviers de la croissance future, de vivre dès maintenant des revenus de leur travail.
Que les représentants des employeurs et des salariés discutent d'améliorer encore l'apprentissage, de renforcer la formation et aussi la promotion des jeunes dans l'entreprise, voilà qui est nécessaire. Mais insuffisant. Tel ou tel ajustement du droit du travail fera peut-être baisser de quelques dixièmes de point un taux de chômage des jeunes parmi les plus indignes du monde civilisé. Il ne changera pas la place d'une jeunesse laissée pour compte des politiques publiques. Comment ne pas voir que les déséquilibres économiques portent la marque des déséquilibres démographiques ? L'Insee le montre aujourd'hui même : seul un Français sur cinq aura moins de 20 ans en 2060, au lieu d'un sur quatre aujourd'hui. Tandis qu'un sur trois aura alors plus de 60 ans…
Le rapport Attali préconise une mobilisation générale de la société française en faveur de sa jeunesse. La question de l'emploi des jeunes ne peut se résoudre que dans un contrat entre les générations, autrement dit, dans un choix collectif de rééquilibrer les dépenses publiques, pour les allouer en priorité à la qualification, à l'emploi et au logement des jeunes. Pas sûr que les générations au pouvoir y soient prêtes.
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