La piteuse prestation des joueurs français, lors du Mondial de football en Afrique du Sud, en a fait couler de l’encre et en a alimenté des conversations dans les cafés de France et de Navarre ! À croire que le pays tout entier s’était ridiculisé à la face du monde. Ministres et président de la République s’en étaient émus et l’on convoqua, arme fatale de tout gouvernant, des états généraux. On aura évité un « Grenelle » du football, mais tout juste. La rencontre, qui s’ouvre jeudi 28 octobre, paraîtra faire diversion, après des semaines de tensions sociales, tandis que se déroule une nouvelle journée de manifestation contre la réforme des retraites. Un brin surréaliste au regard des problèmes dans lesquels se débat le pays.
Les états généraux, au moins, mettront-ils un peu d’ordre dans la maison foot et de plomb dans la cervelle de certains acteurs d’un sport-spectacle touché par la déraison ? Tout laisse penser qu’il s’agira surtout d’organiser la gouvernance de la Fédération, en donnant plus de place aux professionnels par rapport aux amateurs, jusqu’ici aux commandes. Les premiers brassent des milliards et font commerce de « vedettes », chèrement payées pour jouer devant des publics de téléspectateurs passionnés et de supporteurs dévoués ; les autres font vivre les milliers de clubs amateurs où s’ébattent plus de deux millions de licenciés, enfants, ados, vétérans, sous la responsabilité de bénévoles acceptant de donner de leur temps et de leurs compétences.
Deux mondes parallèles, à des années-lumière l’un de l’autre, qui sont pourtant solidement reliés. Par l’amour de ce jeu. Car – et c’est pour cela qu’on est en droit d’en vouloir à certains professionnels capricieux – ils sont admirés par des multitudes de gamins. Particulièrement dans des milieux défavorisés pour qui la carrière sportive peut être fantasmée comme un moyen de « réussir ». Ces grands joueurs doués ont une responsabilité vis-à-vis de leur public : l’exemplarité. Esprit sportif, loyauté, respect de l’adversaire, respect envers ceux qui, en les regardant jouer, les font vivre, autant de talents qu’ils doivent également cultiver. Le football est un sport collectif qui ne se joue pas qu’à onze.
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