La protestation contre la réforme des retraites coûte cher à l'Etat et ... aux contribuables. Christine Lagarde évoque une perte journalière comprise entre 200 et 400 millions d'euros. Pas de quoi ralentir la croissance, assure la ministre, mais qu'en est-il du coût symbolique ?
La réforme des retraites est cette semaine dans sa dernière ligne droite parlementaire. Les grévistes n'ont pourtant pas dit leur dernier mot, une nouvelle journée de mobilisation étant prévue jeudi. Après trois semaines de protestation, et six journées d'action nationale qui ont paralysé le pays, Bercy a décidé de sortir sa calculette pour évaluer les pertes pour l'économie tricolore.
200 à 400 millions d'euros par jour
Interrogée sur Europe 1, Christine Lagarde a évalué le coût des grèves à une fourchette très large comprise "entre 200 et 400 millions d'euros par jour". La ministre de l'Economie a précisé par ailleurs que ce coût était "difficile à chiffrer". "Il est évident que le secteur chimique, en particulier, qui a un besoin important de ravitaillement en produits pétroliers, souffre", a ajouté la locataire de Bercy, se référant ainsi au blocage des raffineries. A cause également de la pénurie de carburants, l'agriculture, le tourisme et surtout les transports sont touchés de plein fouet : 5 millions d'euros perdus par journée de grève pour Air France, 400.000 euros pour les autres compagnies aériennes ou encore 20 millions d'euros pour la SNCF. La note est aussi salée pour les commerçants situés en centre-ville qui enregistrent parfois une baisse de 40% de leur chiffre d'affaires, dans les villes où des violences ont éclaté en marge des cortèges.
Une menace pour la reprise ?
"Il ne faut pas aujourd'hui peser sur cette reprise avec des mouvements qui sont douloureux pour l'économie française et très douloureux pour un certain nombre de PME qui ratent des commandes ou échouent dans leurs tentatives de redressement ou d'investissement", a expliqué la ministre des Finances. "La reprise qui semblait poindre s'éloigne au fur et à mesure que la chienlit s'installe", a estimé dans un communiqué la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME). Les organisations patronales, Medef en tête, ont d'ailleurs demandé un allègement de leurs charges pour aider les entreprises mises en difficultés par le mouvement de grève. Bercy a répondu qu'elle étudierait les situations au cas par cas, refusant tout moratoire. Christine Lagarde a, de plus, rassuré sur l'incidence des grèves sur la croissance 2010. "Je ne conteste pas qu'on a eu plusieurs jours avec un effet économique certain. Je ne pense pas que ce soit de nature à modifier sur l'ensemble de l'année notre prévision de croissance", a-t-elle affirmé. Les trois quarts des pertes engendrées devraient en effet être compensées.
Un coût symbolique
Si le gouvernement et le patronat déplorent le comportement "irresponsable" des syndicats, ceux-ci répliquent : "Il faut envoyer la facture au président de la République, c'est quand même lui qui est responsable de ça" (Jean-Claude Mailly, FO)(crétin notoire). L'Elysée pourrait bien payer les pots cassés de cette réforme … sur le terrain politique. La cote de popularité du chef de l'Etat est en effet descendue sous la barre symbolique des 30% et les actions et déclarations des ministres sont passées au crible. Ainsi, le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, candidat à Matignon, serait jugé trop silencieux, pas de bon augure pour un futur Premier ministre. Quant à l'image de la France, mère-patrie de la contestation sous toutes ses formes, elle pourrait bien être écornée par le conflit. Les images de casseurs renversant des voitures ou brisant des vitrines ont été retransmises dans les médias du monde entier. "C'est l'attractivité du territoire qui est en cause quand on voit des images comme celles-là", a souligné Christine Lagarde, parlant même de "préjudice moral" pour l'Hexagone.
mercredi 27 octobre 2010
GREVES – Bonjour l'addition !
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