TOUT EST DIT

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mercredi 27 octobre 2010

Irresponsabilité systémique


Cette fois, c'en est presque terminé. Le projet du gouvernement sur les retraites sera voté par le Parlement et bientôt promulgué par le président de la République. Il deviendra la loi, que chacun est tenu de respecter. Comme il fallait s'y attendre, le PS déposera un recours devant le Conseil constitutionnel - et c'est parfaitement normal sur un texte d'une telle importance - mais, selon toutes vraisemblance, cette ultime procédure ne devrait guère retarder la validation de la réforme, ni la modifier sensiblement.
Le président de la République a des motifs de pleine satisfaction : après tout il a résisté à la contestation sociale, et il a fait preuve de fermeté face à la rue. Cette victoire législative incontestable contre l'impopularité, il entend bien en tirer parti à long terme pour crédibiliser à la fois son autorité, son volontarisme, et sa communication sur le président « courageux ».
Nous ne sommes pas pour autant en train d'assister à un épilogue pour soldes de tous comptes. Si les Français sont absolument légalistes et si le temps solidifie des réformes nées fragiles, le pays ne tournera pas la page aussi facilement que l'espère le chef de l'État.
La promesse d'une solution vendue à l'opinion comme « pérenne », voire définitive, ne sera pas tenue. C'est le gouvernement qui le dit lui-même, et le texte de loi qui le précise : rendez-vous « systémique » en 2013 pour tout remettre à plat !  
Quant à la gauche, elle veut, elle aussi, tout reprendre de zéro dès 2012 si elle est élue, en laissant planer l'illusion qu'elle reviendra en arrière, ce qu'elle n'a nulle intention de faire... Le programme du PS atteste de ce cynisme tranquille si on prend la peine, comme pour les contrats pas très clairs ni très honnêtes, d'en lire les petites lignes. Il dit ce que ses dirigeants s'abstiennent de claironner : il faudra bien travailler plus longtemps !
Alors tout ça pour ça ? Si la droite comme la gauche devront rouvrir le chantier des retraites, c'est qu'une fois de plus les travaux ont été superficiels ou partiels, et le débat, démagogique et escamoté, ce qui revient au même. Le report de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans était indispensable pour colmater immédiatement la brèche... et rassurer les agences de notation. Mais le régime, lui, ne sera pas financé en 2020, ce qui était pourtant l'objectif affiché. Quels que soient les calculs des économistes, tout le monde est à peu près d'accord : il manquera au moins 15 milliards d'euros sur les 45 qui seront alors nécessaires.
Et voilà qu'on commence seulement à parler de l'activité des seniors, de l'emploi des jeunes, de l'opportunité d'une retraite à points, et d'une refondation fiscale. Si la classe politique avait été à la hauteur des enjeux, on aurait peut-être pu commencer par là.


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