TOUT EST DIT

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lundi 18 octobre 2010

Les deux limites d'Attali 2

c'est un rapport très sérieux qu'a reçu le chef de l'Etat des mains de Jacques Attali. Avec ce document, Nicolas Sarkozy dispose d'une stratégie certes contestable mais cohérente pour accroître, dans les années qui viennent, le potentiel de croissance de l'économie française. Les experts réunis par l'ancien conseiller de François Mitterrand ont fini, non sans mal d'ailleurs, par s'accorder sur une vaste refonte de la fiscalité tournée vers la création d'emplois et la préservation des ressources rares, ainsi que sur une réduction spectaculaire du champ de la dépense publique. Le tout au service d'un cercle vertueux dans lequel désendettement et croissance s'autoentretiendraient.

Même s'il comporte des idées impies, comme celle consistant à faire payer aux malades atteints d'affection de longue durée une partie de leurs frais de santé, ce rapport est de facture plutôt orthodoxe. Ce devait être sa force, après le rejet qu'avait suscité, en janvier 2008, le rapport Attali 1, nettement plus téméraire. C'est sa première limite. Prônant l'ouverture de professions réglementées et la rémunération des demandeurs d'emploi, la suppression du département et la création de cités vertes (« écopolis »), la version d'avant la crise financière était une invitation à bousculer les conservatismes, à faire tomber nos préventions intellectuelles face au changement, à penser différemment, « out of the box » comme aime à le dire notre américanophile ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

Rien de tel cette fois. Fallait-il réunir une quarantaine de brillants cerveaux pour recommander de mettre les allocations sous conditions de ressources et de baisser les dépenses des collectivités locales, propositions qui figuraient déjà, en partie, dans le premier rapport ? Après le succès de « La libération de la croissance », commander un « remake » fut une erreur, dont l'auteur est victime, pas coupable. Spectateur impuissant, il verra une deuxième limite posée à son rapport : la préférence française pour la dépense publique.

Jacques Attali trace un chemin de rigueur idéale, sur lequel les dépenses baissent et les prélèvements n'augmentent pas. Cependant, la réaction populaire à la réforme des retraites met en lumière une profonde appétence collective pour un modèle social toujours plus généreux, fût-il financé par toujours plus d'impôts. Contre ce travers-là, il faudra plus, bien plus qu'un rapport remis dans l'ombre médiatique d'un vendredi soir.

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