TOUT EST DIT

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lundi 18 octobre 2010

Retraites : l'exécutif ne fait toujours aucun geste à la veille d'une nouvelle journée d'action

Le gouvernement parie sur un essoufflement de la contestation à l'approche des vacances de la Toussaint. Aucun geste n'est fait en direction des syndicats à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation, demain. Le vote de la réforme au Sénat pourrait mettre à mal l'unité syndicale
Toujours aucun geste d'apaisement. Au lendemain d'une journée de manifestations, samedi, et à la veille d'une autre, demain, l'exécutif n'a fait aucun signe, hier, en direction des syndicats mobilisés contre la réforme des retraites. « Chaque jour compte, souligne-t-on à l'Elysée. Il faut encore analyser quelle sera la mobilisation mardi. Le vote du Sénat n'interviendra que mercredi ou plus tard dans la semaine. Il est encore trop tôt pour présager de la suite du mouvement. » « Nous sommes toujours sur la même ligne, ajoute-t-on au sein du gouvernement. On est attentifs, on peut accepter des modifications à la marge du texte, mais on ne cédera pas  sur le recul des bornes d'âge, qui sont le coeur de la réforme. » Sur TF1 hier soir, François Fillon a estimé que « le blocage » du dialogue est dû au fait que les syndicats « refusent de discuter » du « report de l'âge légal » de la retraite. Or, il faudra le relever car c'est « la clef du financement » de la réforme, a répété le Premier ministre.
Lancé dans une course contre la montre, l'Elysée tente de minimiser l'ampleur de la mobilisation et continue de miser sur un calendrier qui lui est favorable. Le vote de la réforme pourrait enfoncer un coin dans l'unité syndicale. La CGT et FO veulent poursuivre le combat au-delà de cette échéance, alors que la CFDT hésite. Elle craint l'impact d'une trop forte radicalisation sur l'image des syndicats mais ne veut pas non plus donner l'impression de reculer (lire ci-dessous). Au-delà des divisions syndicales, l'exécutif mise avant tout sur l'arrivée des vacances de la Toussaint, vendredi soir, pour casser la dynamique du mouvement. A fortiori sur le front des lycéens, nombreux dans les cortèges, et qui restent à la fois la principale inconnue du mouvement et la première source d'inquiétude de l'exécutif.
Face à cet attentisme de l'exécutif, la tension est forte. Samedi, quelque 3 millions de personnes ont défilé, selon la CGT, dont le compteur semble bloqué sur ce chiffre plancher… La police a dénombré 825.000 manifestants, soit le total le plus bas depuis la rentrée. Le gouvernement y voit un signe rassurant, mais il semble prématuré d'en conclure à un début de résignation, ce chiffre restant très élevé et comparable à celui de la précédente mobilisation un samedi (le 2 octobre, 899.000 selon la police, près de 3 millions pour les syndicats).
Les syndicats ont à nouveau appelé le Sénat à « ne pas voter la loi » (Bernard Thibault, CGT) et le gouvernement à « suspendre le débat parlementaire pour rouvrir le dialogue » (François Chérèque, CFDT). « La grande majorité des Français ne comprennent pas ce qui se passe, qu'on soit dans l'impossibilité de dialoguer », a insisté le leader cédétiste sur TF1.
Depuis le défilé lillois, Martine Aubry a souligné que « les gens n'en peuvent plus, c'est toujours les mêmes qui payent, c'est toujours les mêmes qui s'en mettent plein les poches ». Un sentiment prégnant dans les cortèges, signe que les retraites cristallisent un malaise social plus global. Ce dernier, associé à la fermeté de l'exécutif, entretient un climat de radicalisation.
La situation continue de se tendre dans les raffineries, où les « durs » de la CGT et de SUD se veulent très déterminés. « On n'a pas arrêté 12 raffineries pour faire un baroud d'honneur. On va continuer jusqu'à ce que le gouvernement retire son projet », insiste la CGT de Total. Quelques centaines de stations sont en manque de carburant (lire page 19). A la SNCF, le taux de grévistes a poursuivi sa décrue, mais la CGT a prédit un « rebond significatif » de la grève dès aujourd'hui, où la direction prévoit un TGV sur deux. De nouveaux secteurs menacent en outre de rentrer dans la danse, à commencer par les transports routiers. Selon la CGT, les actions déjà en cours dans des entreprises privées, dans la métallurgie notamment, sont « organisées pour durer ».

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