TOUT EST DIT

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lundi 18 octobre 2010

Retraites : les syndicats divisés pour la suite

La CGC n'appellera plus à manifester, la CFDT hésite et la CGT est tentée de durcir sa ligne. 

«Il faut savoir terminer une grève», avouait Maurice Thorez après le mouvement social de 1936. Au lendemain de la 7e journée de mobilisation contre la réforme des retraites (qui a réuni samedi entre 825.000 et 3 millions de personnes) et à la veille d'une 8e mardi (la troisième en une semaine), la maxime de l'ancien patron du PCF raisonne dans les têtes de tous les leaders syndicaux.
Avec le vote mercredi au Sénat de la loi sur les retraites et le début vendredi des vacances scolaires, la donne va changer. «On ne pourra pas faire comme si rien ne s'était passé», résume Alain Olive, le patron de l'Unsa. «Tous les leaders savent que Nicolas Sarkozy ne cédera pas et cherchent le moyen de sortir de ce conflit sans trop de casse», décrypte un expert en relations sociales.
À la CFE-CGC, la réponse est trouvée. Mardi sera la dernière mobilisation à laquelle la centrale des cadres appellera. «Si l'intersyndicale décide de nouvelles manifestations après le vote au Sénat, ce sera sans nous , annonce Carole Couvert, sa secrétaire générale. On ne va pas faire descendre les gens dans la rue pour rien, on a d'autres combats à mener.» 40% des fédérations de la CFE-CGC s'étaient prononcées la semaine dernière contre la participation de leur centrale aux journées du 16 et 19 octobre. Et les deux plus importantes, métallurgie et chimie, avaient même demandé à leurs troupes de ne pas aller manifester. «On avait de plus en plus de mal à mobiliser», justifie un responsable pour qui cette «réforme est loin d'être injuste» pour les cadres. «On aurait dû sortir avant», regrette Philippe Jaeger, le patron de la fédération chimie.
Les syndicats réformistes se posent la même question existentielle. «On ne brisera pas l'unité syndicale mais la question de l'après-vote au Sénat se pose et on ne nous emmènera pas là où on ne veut pas aller», prévient-on à la CFDT. «Nous serons dans une autre configuration», reconnaissait d'ailleurs dès jeudi Marcel Grignard, l'adjoint de François Chérèque. «À situation nouvelle, nouvelles formes de contestation», abonde Alain Olive, las des manifestations à répétition. «Faire la pédagogie de cette loi pour poser les bases d'une réforme moins injuste serait plus efficace», indique-t-il, en prémices à la réunion jeudi soir à la CFDT de l'intersyndicale qui doit décider des suites au mouvement.

Base contestataire

Pas question en revanche pour les centrales les plus à gauche de l'échiquier syndical de reculer. «Les organisations n'analysent pas la situation de la même manière, reconnaît Bernadette Groison, la patronne de la FSU. Nous devons maintenir la pression après les vacances de la Toussaint pour que la loi soit retirée.» Même analyse à la CFTC, arc-boutée sur les 60 ans , chez FO qui milite pour «une journée de grève nationale» et chez Solidaires dont les troupes rêvent d'«élargir la grève».
Reste la CGT qui n'arrive pas à choisir entre les réformistes et les radicaux. «Les organisations syndicales ne vont pas dire stop du jour au lendemain, ce n'est pas concevable», a cependant affirmé samedi Bernard Thibault. Le patron de la centrale de Montreuil veut donner des gages à sa base contestataire, en pointe dans les grèves reconductibles, qui lui reproche de ne pas appeler à la grève générale. Mais il doit aussi éviter de faire éclater son duo avec François Chérèque qui, selon un expert, «juge dangereux de continuer mais ne sait pas comment sortir sans passer pour un traître.» Comme en 2003…
Pour l'Unsa, c'est clair: «Il est hors de question que l'on aide à sauver le soldat Thibault en appelant à durcir le mouvement», avoue l'un de ses dirigeants. «La radicalisation ne nous rapprochera pas de l'objectif à atteindre mais détournera l'opinion de nous», abonde un hiérarque de la CFDT qui n'imagine pas Bernard Thibault faire alliance avec FO, Solidaires et la FSU. «Cela ramènerait la CGT quinze ans en arrière», condamne-t-il.
Quelle que soit sa décision, le conflit sur les retraites laissera des traces. «Les centrales réformistes seront décrédibilisées après leur échec à peser sur les choix du gouvernement, analyse un expert. Et les plus radicales en sortiront renforcées dans leur stratégie à taper plus fort.»

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