TOUT EST DIT

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mardi 26 octobre 2010

Deux questions avant les élections aux USA
 
Lors des élections du 2 novembre aux États-Unis, les démocrates savent qu'ils laisseront des plumes. Moins au Sénat, où ils devraient garder la majorité, qu'à la Chambre des représentants. Et les républicains tablent sur l'enthousiasme de leurs supporters (mouvement tea party compris), qui contraste avec la déception des démocrates et indépendants, au vu des résultats du président Obama.

Il faut d'abord souligner que ces élections se jouent dans des circonscriptions fortement contrastées, ce qui empêche toute généralisation. Deux questions se posent, à la veille du scrutin.

Indiscutable est la montée du tea party, cette mouvance radicale et populiste, apparue pendant l'été 2009, qui a vaincu plusieurs des candidats préférés des modérés républicains lors des primaires. Il y a débat pour expliquer ce phénomène.

Les uns insistent sur le fait qu'il ne concerne que l'électorat républicain ; d'autres soulignent la droitisation du parti, qui annonce une scission éventuelle, tout en favorisant des candidats démocrates. Les uns constatent le surplus d'enthousiasme apporté par le tea party ; d'autres font remarquer que les représentants de cette mouvance qui ont gagné des primaires mettent de l'eau tiède dans leur thé, à l'approche du 2 novembre.

Second débat : pourquoi la chute surprenante de la popularité du président Obama ? Celui qui galopait dans les sondages, il y encore un an, celui qui a fait voter des réformes dont ses prédécesseurs ne pouvaient que rêver, subit une défaveur croissante.

Osons une interprétation qui rende compte des deux mystères de ce cycle électoral 2010. Les Américains sont des optimistes congénitaux ; et cet optimisme se fonde sur une vision antipolitique du monde.

Ainsi, lors de l'élection de Barack Obama, l'on imaginait que les obstacles imposés par le réel seraient vaincus par la volonté populaire, représentée par cet homme qui incarnait une Amérique qui avait retrouvé les vertus des pères fondateurs. De la poésie de la campagne, Obama est passé à la prose du gouvernement. Il s'est rabattu sur les anciens de l'équipe Clinton pour faire face à la crise économique, ce qui a conforté la critique de l'aile gauche de son parti, déçue par les compromis nécessaires pour faire voter la réforme des assurances santé. De fil en aiguille, l'optimisme s'est transformé en pessimisme, la chute du taux de popularité présidentielle a suivi. Actuellement, Barack Obama cherche davantage à diaboliser l'opposition plutôt qu'à défendre son acquis.

Au pessimisme démocrate s'oppose l'optimisme parfois béat du tea party, dont la popularité repose aussi sur une vision antipolitique. S'il prône un retour à la Constitution, telle qu'elle existait avant les réformes du New Deal et celles des droits civiques, il va parfois jusqu'à s'opposer à la sécurité sociale ou aux droits civiques des minorités, mesures entrées depuis longtemps dans les moeurs politiques. Le tea party dénonce l'opposition comme une force maléfique, en dernier lieu « socialiste ».

Quels que soient les résultats du vote, la vie politique américaine entre dans une nouvelle phase. Saura-t-elle affronter ses problèmes économiques (et budgétaires) ? On peut craindre que son optimisme congénital en minimise la gravité, ce qui empêcherait de choisir une politique qui ne soit pas LA meilleure, mais simplement la meilleure possible.

(*) Professeur émérite à Stony Brook University, New York, auteur d'Aux origines de la pensée politique américaine (Pluriel).

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