mardi 26 octobre 2010
Combattants de l'inutile ?
Fallait-il y aller ? Faut-il y rester ?
Malgré les professions de foi enflammées, cette interrogation hante tous les alliés des États-Unis qui ont choisi d'apporter leur soutien militaire à l'armée américaine en Afghanistan. Après les attentats du World Trade Center, tout semblait pourtant évident : pas question de faire défaut aux combattants des valeurs de l'Occident au moment où ils se dressaient pour faire rempart contre l'obscurantisme islamiste.
Les années passant, la France a pris à ce point de la distance dans cette perspective allégorique de l'histoire que le candidat Sarkozy jura qu'avec lui on n'enverrait pas de troupes supplémentaires à Kaboul. La fragilité de la situation sur place puis l'appel de l'administration Obama pour que les grandes démocraties concentrent leurs efforts sur un conflit jugé vital pour elle, ramena Paris à plus de conviction et d'engagement. Sans grande récompense sur le terrain... Chaque mois, ou presque, le conflit afghan tue ou mutile des soldats français sans que leur sacrifice n'ait véritablement de poids, ni même de sens, dans les progrès des opérations sur place. 600 militaires étrangers y ont déjà perdu la vie depuis le début de l'année. Triste record...
Le conflit s'embourbe. Moins spectaculaire et moins meurtrier que celui du Vietnam - la référence de cauchemar - il est peut être pire encore : la défaite, rampante, ne serait pas seulement celle d'une superpuissance, mais d'un monde et de ses repères. L'interminable liste des attentats, jusqu'au cœur même de la capitale afghane, justifie toutes les craintes d'une aventure chimérique sur un territoire qui n'a jamais pu être durablement contrôlé par des troupes étrangères.
Corrompu jusqu'à l'os, le régime d'Hamid Karzaï ridiculise les diplomaties qui n'ont d'autre choix que de le soutenir... en se bouchant le nez. La guerre technologique propre et rapide qu'on nous promettait voilà bientôt dix ans s'est transformée en une guerre sale sans but clairement identifié, et sans échéance. Quant à la vertu dont se drapait l'armée américaine elle achève d'être mise en pièces par les révélation de Wikileaks sur ses agissements en Irak.
Au mieux supplétifs, les soldats français semblent être le jouet de stratégies, et même d'une réalité, qui échappent totalement à leur état-major. Et quand ils reviennent d'Afghanistan estropiés, ils mettent parfois en cause le manque d'attention dont ils seraient victimes de la part de leur hiérarchie... Sombre bilan. Mis hors-jeu, le Parlement lui même n'a pas vraiment de regard sur leur sort, ni d'éléments pour juger de la clairvoyance de la politique afghane du gouvernement français. Et redoute aujourd'hui que ces courageux combattants d'une cause sacrée ne soient, finalement, ceux de l'inutile.
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