TOUT EST DIT

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mardi 26 octobre 2010

A mort les 3 %, vive les 3 % !


Il faut parfois se pincer pour y croire, tant le débat public peut donner lieu à des retournements complets de posture. Souvenons-nous des fameux critères de Maastricht. Au début des années 1990, François Mitterrand et Helmut Kohl forment le beau projet d'unir l'Europe par une monnaie commune. Mais celle-ci n'est possible que si les économies se dirigent vers quelques solides points de convergence. Et parmi eux s'affirme l'idée que les déficits publics ne doivent pas franchir le seuil de 3 % du PIB. Que n'a-t-on dit là ! Les souverainistes de tous poils se déchaînent contre un tel abandon de l'autonomie de décision politique. Les noms d'oiseaux pleuvent contre les esprits européistes qui se soumettent au diktat des marchés, du monétarisme, des normes comptables et de la « panzer » discipline allemande. Vive la liberté de décision politique, à mort les 3 % !


Quelques temps plus tard et la crise financière de 2008 étant passée par là, nous voici à 8 % de déficit. Il n'est pas besoin d'être agrégé de mathématiques pour comprendre que la charge d'une telle dette est insupportable à brève échéance. Toutes les études prospectives, y compris la dernière en date qui émane de la commission Attali, placent le retour à un déficit maximal de 3 % en tête de leurs priorités. A mort la dette, vive les 3 % ! Mais où sont passées les voix qui tonitruaient contre les critères de Maastricht ? Chevènement se terre, Guaino se terre, Emmanuelli se terre. Quant à la famille Le Pen et au Saint-Just de l'Essonne, Jean-Luc Mélanchon, c'est le seul sujet sur lequel on n'entend plus exploser leur vindicte furieuse.


Comme quoi ces 3 % n'étaient peut-être pas aussi stupides qu'ils en avaient l'air. Peut-être est-ce aussi une leçon de modestie pour les doctes économistes qui développent depuis trente ans des modèles de mathématiques appliquées à la finance auxquels plus personne, notamment les patrons des institutions bancaires, ne comprend rien. Car, au même moment, un brave petit taux de 3 % suffit, à lui tout seul, à tracer la frontière entre la raison et la déraison.

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