Une vie politique sans opposition, ça vous donne une majorité qui part dans tous les sens. L’ironie de ce quinquennat est que, pour avoir transformé le Parti socialiste en rillettes, Nicolas Sarkozy se retrouve avec un camp présidentiel balkanisé : le débat qui ne peut se tenir à gauche s’en trouve déplacé au sein même de la majorité, entretenu par les rivalités en vue de 2012 ou 2017 et par les humiliations de moins en moins rentrées de certains acteurs de premier plan.
Le chef de l’Etat a des problèmes avec sa majorité et avec son électorat. Ce n’est pas nouveau mais, à mi-mandat, le phénomène s’amplifie au point de soulever des doutes sur l’automaticité de sa réélection. L’épisode bling-bling et les aléas conjugaux du locataire de l’Elysée avaient déjà éloigné la frange la plus âgée et la plus conservatrice de son électorat.
Plus récemment, les affaires Frédéric Mitterrand et Jean Sarkozy ont réveillé la crispation, rendue d’autant plus préoccupante que, devant l’envolée du chômage et des chiffres de la délinquance, les voix récupérées en 2007 sur le Front national ne demandent qu’à retourner au bercail. De quoi expliquer les opérations de diversion telles que le débat sur l’identité nationale ou les propositions de Brice Hortefeux en faveur d’un couvre-feu pour les mineurs délinquants. On n’est plus dans le réel ; on est dans l’affichage.
Côté majorité, les relations n’ont jamais été faciles entre le Château et les parlementaires. L’ouverture est restée sur l’estomac de ces derniers. Et la présence du vibrionnant Jean-François Copé à la tête du groupe à l’Assemblée n’a pas peu contribué à perturber la météorologie des rapports avec l’exécutif d’une part et avec le parti présidentiel, de l’autre, à la tête duquel officie Xavier Bertrand, grand rival du maire de Meaux. Si aujourd’hui la situation atteint la masse critique, c’est que Nicolas Sarkozy est en train de payer tout à la fois la mise en concurrence entre Matignon et les conseillers élyséens, la mise sous tutelle d’un parlement qui, malgré la réforme institutionnelle, ne voit pas vraiment ses pouvoirs renforcés, et la paix signée avec Jacques Chirac sur le dos d’un Dominique de Villepin qui, depuis, est devenu littéralement enragé.
Philippe WAUCAMPT.
jeudi 5 novembre 2009
Masse critique
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