TOUT EST DIT

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jeudi 5 novembre 2009

Le revirement de GM sur la vente d' Opel déclenche l'ire du gouvernement allemand

Contrairement à son accord de la mi-septembre, General Motors fait une brusque volte-face et renonce à vendre sa filiale européenne Opel au tandem Magna-Sberbank. Il préfère la restructurer lui-même, mais avec quels crédits ? Par ce geste, GM s'est aliéné d'un seul coup plusieurs gouvernements européens et la quasi-totalité de ses 50.000 salariés européens.
La sortie de crise a convaincu General Motors de renoncer à la vente d'Opel au tandem Magna-Sberbank. La chancelière allemande, Angela Merkel, venait tout juste de monter dans son avion de retour, à Washington, lorsque le communiqué de GM est tombé. Visiblement réconforté par les fragiles signaux de redressement aux Etats-Unis et en Europe, GM a finalement annoncé, mardi soir, enterrer la cession d'Opel et de sa société soeur britannique
Vauxhall en invoquant « l'amélioration de l'environnement » et l'importance stratégique de sa
filiale.

Malgré la colère immédiate des autorités allemandes, GM espère encore obtenir quelque 3 milliards d'euros d'aides des gouvernements européens (dont 2 milliards de Berlin) pour mener à bien la restructuration de sa filiale. « Nous comprenons la complexité et la longueur du processus pour toutes les parties concernées. Mais depuis le début, notre objectif a été d'assurer la meilleure solution à long terme pour nos clients, employés, fournisseurs et concessionnaires, ce qui se traduit par la décision obtenue[mardi] », a tenté d'expliquer le PDG de GM, Fritz Henderson, qui plaidait encore pour une cession quelques jours plus tôt.
Risque de dépôt de bilan

Le groupe de Detroit suggère que le coût de restructuration d'un Opel restant dans le giron de GM sera inférieur à celui prévu dans le cadre d'une reprise par Magna. Fritz Henderson présentera prochainement un nouveau plan de restructuration aux gouvernements européens concernés.

Depuis le début, les atermoiements du conseil de GM sur la vente d'Opel n'étaient pas de bon augure pour le canadien Magna. La recomposition du conseil par l'administration Obama, dans la foulée de sa mise temporaire sous le chapitre 11, semble avoir joué un rôle déterminant dans ce changement de pied.

Pour la plupart des analystes, la vente d'Opel risquait de saper les efforts de GM qui cherche à élargir sa gamme de petites voitures, un segment considéré comme le principal moteur de la croissance du marché automobile dans les prochaines années. En outre, GM n'avait jamais caché ses craintes sur les risques que l'accord conclu entre Magna et le russe Sberbank puisse donner accès à des concurrents à ses brevets. Tout en soulignant que le groupe cherchera à obtenir l'essentiel du financement de son plan de 30 % de réduction de coûts à travers des prêts garantis par les gouvernements, GM n'a pas caché qu'en cas de non-obtention ou d'absence d'accord avec les syndicats, Opel pourrait être encore conduit au dépôt de bilan.

Mais la grande confédération allemande IG Metall ne semble pas près de plier. Au contraire, ses responsables ont aussitôt annulé l'accord conclu mardi qui portait sur des concessions salariales en vue d'un rachat par Magna. « Nous n'accompagnerons pas la voie qui ramène à GM », a déclaré Klaus Franz, le président du comité d'entreprise. Ce dernier estime que trois sites, Bochum, Kaiserslautern et Anvers, sont « extrêmement en danger ».
Actions de protestation

Le syndicat a lancé un appel à la manifestation dès aujourd'hui en Allemagne, où se trouve la moitié des 55.000 salariés du constructeur américain en Europe. Les actions de protestation devraient s'étendre demain au reste de l'Europe. Elles visent à « montrer au conseil d'administration de GM ce que nous pensons de sa décision », prévient Armin Schild, représentant d'IG Metall au conseil de surveillance d'Opel. Et Berthold Huber, le patron du syndicat, de renchérir : « GM a d'abord mis Opel en difficulté à cause d'erreurs de management. On voit mal comment le groupe pourrait faire émerger une solution solide. »

Du côté politique, les réactions n'étaient pas plus clémentes (lire ci-dessous). Berlin a entre autres demandé le remboursement du prêt de 1,5 milliard d'euros, dès le 30 novembre, qui faisait partie de l'aide de 4,5 milliards promise à Magna. Reste à savoir si l'Etat allemand sera prêt à apporter une aide financière à GM dans un tel climat.

PIERRE DE GASQUET (À NEW YORK) ET INGRID FRANCOIS (À FRANCFORT), Les Echos

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