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mercredi 4 novembre 2009

L'Italie condamnée pour la présence de crucifix dans les écoles

La Cour européenne des droits de l'homme a condamné l'Italie, mardi 3 novembre, pour la présence de crucifix dans les salles de classe, disposition jugée contraire au droit des parents d'éduquer leurs enfants selon leurs convictions et au droit des enfants à la liberté de religion.

La requérante, Mme Solie Lautsi, ressortissante italienne, réside à Abano Terme. Ses enfants, Dataico et Sami Albertin, âgés respectivement de onze et treize ans, fréquentèrent en 2001-2002 l'école publique à Abano Terme où toutes les salles de classe avaient un crucifix au mur.
Mme Solie Lautsi estimait la présence de ces crucifix contraire au principe de laïcité et informa l'école de sa position, invoquant un arrêt de la cour de cassation qui avait jugé la présence de crucifix dans les bureaux de vote contraire au principe de laïcité de l'Etat.
En mai 2002, la direction de l'école décida de laisser les crucifix dans les salles de classe. Une directive recommandant de procéder ainsi fut ultérieurement adressée à tous les directeurs d'école par le ministère de l'instruction publique.

Devant la Cour constitutionnelle, le gouvernement soutient que cette présence était naturelle, le crucifix n'étant pas seulement un symbole religieux mais aussi, en tant que "drapeau" de la seule Eglise nommée dans la Constitution, un symbole de l'Etat italien.

La procédure devant le tribunal administratif reprit le 17 mars 2005, celui-ci rejetant le recours de la requérante, jugeant le crucifix comme "tant à la fois le symbole de l'histoire et de la culture italienne et par conséquent de l'identité italienne". Par un arrêt du 13 février 2006, le Conseil d'Etat rejeta le pourvoi de la requérante au motif que la croix était devenue une des valeurs laïques de la Constitution italienne et représentait les valeurs de la vie civile.

Les juges de Strasbourg ont estimé que la croix peut aisément être interprétée par des élèves de tous âges comme un signe religieux, signe qui peut être perturbant pour des élèves d'autres religions ou athées. La Cour a conclu à l'unanimité à la violation de l'article 2 du protocole 1 (droit à l'instruction) conjointement avec l'article 9 de la convention (liberté de pensée, de conscience et de religion). La Cour de Strasbourg a alloué 5 000 euros à la requérante pour dommage moral.

1 commentaires:

OrangeOrange a dit…

Non aux crucifix dans les écoles : il faut absolument lire les attendus de ce jugement pour appréhender la complexité du débat qu'il provoque en Italie !


Les juges de Strasbourg y développent une reconstitution, depuis près d'un siècle de cet usage du crucifix dans les écoles de la péninsule et l'on découvre qu'il leur a été nécessaire de tenir compte des décisions de Benito Mussolini et des étapes successives des traités et compromis qui ont organisé les relations entre le Vatican et l'Etat Italien !

Surprenant que ce document ne circule pas plus, il vaut son pesant d'or !

Je l'ai trouvé sur le portail suisse Pnyx.com ( http://www.pnyx.com/fr_fr/sondage/402 ), dans les commentaires.

Au-delà des questions de laïcité, ce jugement met à nu des épisodes surréalistes et ne va pas ménager l'amour-propre de tout un peuple, à l'heure d'une globalisation qui réveille, nation par nation, les grandes frustrations identitaires, que certains ne vont sûrement pas manquer d'exploiter politiquement !