TOUT EST DIT

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mardi 1 novembre 2011

Tollé européen autour du référendum grec

La décision du Premier ministre grec George Papandreou de convoquer un référendum sur le nouveau plan européen de renflouement de son pays met l'Europe dans tous ses Etats. Incompréhension et abattement résument l'état d'esprit tant des marchés que des politiques ce mardi et ce à deux jours du G20 de Cannes.
 Bourses qui dégringolent, valeurs bancaires au plus mal, politiques pris de court,..... la décision du Premier ministre grec George Papandreou de convoquer un référendum sur le nouveau plan européen de renflouement du pays soulève de multiples questions.
A Athènes, l'opposition accuse le chef du gouvernement socialiste de "jouer aux dés" l'avenir du pays pour s'épargner, par cette première consultation populaire depuis l'abolition de la monarchie en 1974, la perspective d'élections anticipées. Le chef de file de l'opposition conservatrice (Nouvelle Démocratie) Antonis Samaras a qualifié George Papandreou de responsable "dangereux". "Il ne peut pas gouverner et au lieu de se retirer de manière honorable, il dynamite tout", a-t-il dit. "Jamais je n'aurais pensé que Papandreou prendrait une décision aussi dangereuse et frivole", a estimé pour sa part l'ancienne ministre des Affaires étrangères Dora Bakoyanni, qui dirige l'Alliance démocratique, un petit parti de centre droit. "Tous les médias internationaux diront que la Grèce met en péril l'accord avec l'UE", a-t-elle ajouté.
La presse grecque a été la première à tancer l'initiative du Premier ministre. "Le pays sera paralysé par d'interminables débats, le gouvernement, l'appareil d'Etat et les institutions ne fonctionneront plus", assure le journal conservateur Kathimerini.
Réactions en Europe
Dans les autres capitales européennes, on déplore une décision porteuse d'instabilité d'ici à l'organisation du scrutin, probablement en janvier, et, en cas de victoire du "non", le risque d'une nouvelle crise de l'euro.
Le président français Nicolas Sarkozy n'a fait aucun commentaire mais s'est entretenu avec la chancelière Angela Merkel par téléphone et a convoqué ses ministres pour une réunion d'urgence à l'Elysée en fin de journée.
Pour Silvio Berlusconi, cette décision "crée des incertitudes" sur le marché.
L'agence de notation estime pour sa part que ce référendum menace la stabilité financière de la zone euro.
La fédération allemande des banques privées (BdB) considère que qu'il s'agit de  "tout sauf un cadeau" car il augmente l'inquiétude des marchés et risque de compromettre le calendrier du plan de sauvetage.
Sur les marchés financiers, l'idée de ce référendum a plongé les Bourses dans le rouge.
"Le Premier ministre grec a pris sa décision sans en informer ses collègues européens", déplore Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe. Sur RTL, il a fait part de ses craintes quant à une éventuelle faillite de la Grèce en cas de "non" grec au plan d'aide. "Je ne peux pas exclure que ce soit le cas, mais cela dépendra de la manière dont la question sera exactement formulée et sur quoi exactement les Grecs vont voter."
Plus consensuels, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont déclaré dans un communiqué commun prendre " acte de l'intention des autorités grecques d'organiser un référendum" en ajoutant  "Nous sommes convaincus que cet accord est le meilleur pour la Grèce. Nous avons toute confiance en la Grèce pour qu'elle honore les engagements pris envers la zone euro et la communauté internationale".
Ils indiquent en outre avoir parlé avec George Papandreou et  la question du référendum sera discutée en marge du sommet du G20 de Cannes en fin de semaine. L'on apprend d'ailleurs de source officielle que le chef du gouvernement grec participera à ce sommet.
Le nouveau plan d'aide
Les dirigeants de la zone euro ont accepté, à l'issue de leur sommet du 26 octobre à Bruxelles, de prêter 130 milliards d'euros à la Grèce et obtenu des créanciers privés qu'ils effacent 50% des quelque 210 milliards d'euros de titres grecs qu'ils détiennent. Plus précisément, les dirigeants européens ont trouvé un accord pour effacer une partie de la dette grecque qui s'élève aujourd'hui à plus de 350 milliards d'euros, niveau jugé intenable. L'accord conclu avec les banques porte sur un renoncement à cent milliards d'euros. Athènes recevra en outre de nouveaux prêts internationaux de 100 milliards d'euros. Par ailleurs, 30 autres milliards sont réservés aux banques grecques, qui jouent leur peau dans l'opération d'échange de dette, étant les plus grosses détentrices d'obligations souveraines grecques.
La contrepartie pour la Grèce, c'est d'accepter un renforcement des contrôles sur sa politique budgétaire, jusqu'à présent contrôlée tous les trois mois par une "troïka" où sont représentés les trois principaux créanciers du pays: Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international.
Que veut Papendréou?
En annonçant sa décision de consulter les Grecs sur ce plan début 2012, George Papandreou a expliqué qu'il lui fallait obtenir un soutien politique élargi aux mesures d'austérité et aux réformes structurelles exigées par ses bailleurs de fonds. Autrement dit, si les Grecs n'en veulent pas, il ne sera pas adopté", a déclaré le Premier ministre devant le groupe parlementaire du parti socialiste (Pasok) lundi soir.
Un dernier sondage publié sur le plan samedi par le journal "To Vima", montre que près de 60% des Grecs jugent l'accord négatif. Beaucoup dénoncent une atteinte à la souveraineté du pays.
"La volonté du peuple grec s'imposera à nous", a-t-il ajouté, tout en indiquant qu'il allait également demander un vote de confiance sur l'accord sur la dette au Parlement, où il dispose d'une majorité qui s'est effritée à 153 députés sur 300 sièges devant la montée des oppositions aux mesures d'austérité qui accompagnent le soutien financier au pays. Le vote de confiance devrait intervenir vendredi.
Le pari du Premier ministre grec intervient alors que le pays entre dans une série de négociations techniques très sensibles avec ses partenaires européens et ses banques créancières, qui ont accepté jeudi dernier d'échanger les obligations grecques qu'elles détiennent contre de nouveaux titres dont la valeur est réduite de 50%.

La Grèce et la zone euro
Pour l'économiste chypriote Christopher Pissarides, lauréat du prix Nobel, un rejet du plan d'aide augurerait mal de l'avenir de la Grèce au sein de l'euro. "Ce serait mauvais pour l'Union européenne et la zone euro en particulier, mais pire encore pour la Grèce", dit-il. "En cas de victoire du 'non', la Grèce ferait défaut immédiatement. Je ne la vois pas rester dans l'euro."
Le ministre finlandais des Affaires européennes, Alexander Stubb, estime lui aussi que le référendum équivaudra à un vote sur l'appartenance du pays à la zone euro.
En Allemagne, le président du groupe parlementaire du FDP (libéral), partenaire avec l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la coalition au pouvoir connu pour ses positions eurosceptiques, n'a pas caché son "irritation". "C'est une étrange manière d'agir", a déclaré Rainer Brüderle. "On dirait que quelqu'un essaie de se dégager de ce qui a été convenu." "Le Premier ministre (Papandreou) a (accepté) un plan de sauvetage qui bénéficie à son pays. Les autres pays consentent à des sacrifices considérables pour des décennies de mauvaise gestion et de faible gouvernance en Grèce", a-t-il encore déploré sur les ondes de la Deutschlandfunk.

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