La Constitution de la Ve République et ses conséquences sur la vie politique française peuvent conduire à d’étonnants paradoxes. Entre un candidat qui ne l’est pas encore et un autre qui l’est beaucoup, la joute du second tour a commencé. Rappelons que, pour l’instant, la France se trouve encore à six mois… du premier et que rien n’est joué.
Cette situation étrange offre pourtant quelques avantages. Certes, elle prive de tribune tous ceux qui, à droite, à gauche ou au centre, voudraient faire entendre leurs différences. Mais elle réduit les termes du choix à l’essentiel : comment contenir la dette publique et repartir sur des bases plus saines ? Pour être élu en 2012, il sera périlleux de distiller des rêves. Partout la rigueur s’impose. Restera alors un argument majeur : des projets crédibles, sérieusement chiffrés, où les efforts seront équitablement partagés.
Dans cette bataille, Nicolas Sarkozy, président sortant, propose de poursuivre l’action engagée depuis le début de la crise. Il l’a décrite, jeudi 27 octobre, devant près de 12 millions de téléspectateurs. Il s’est posé en « président protecteur » face à un monde agité. Être le plus longtemps possible habité par sa fonction, se montrer le moins nettement possible en candidat, c’est bien sûr le choix. Ce fut aussi celui de François Mitterrand en 1988, celui de Jacques Chirac en 2002. Et ils furent réélus, malgré la cohabitation.
L’habileté consistera à garder ce cap, meilleur rempart pour compenser l’usure fatale du pouvoir. Mais Nicolas Sarkozy saura-t-il résister longtemps à ceux qui le poussent à en découdre ? C’est moins sûr. Le débat s’engagera alors sur le bilan du quinquennat. Sur le terrain des déficits publics, la grande question de l’heure, les résultats ne sont pas bons. La crise a, bien sûr, fait sentir ses effets. Mais la politique fiscale choisie depuis 2007 aussi. De nouvelles mesures sont désormais nécessaires pour, après 12 milliards, trouver «de 6 à 8 milliards » d’économies supplémentaires. Elles seront annoncées après le G20, au début du mois de novembre. Sur qui portera l’effort ? Le test sera évidemment décisif.
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