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mardi 1 novembre 2011

Grèce: Papandréou ose le référendum

Le premier ministre grec a annoncé lundi soir l'organisation d'un scrutin sur l'accord européen d'effacement d'une partie de la dette du pays.

Le Premier ministre grec Georges Papandréou a créé la surprise et pris un risque politique lundi soir en annonçant l'organisation d'un référendum sur l'accord européen d'effacement d'une partie de la dette du pays, critiqué en Grèce pour l'abandon de souveraineté qu'il implique.

Les Grecs «veulent-ils l'adoption du nouvel accord ou le rejettent-ils ? Si les Grecs n'en veulent pas, il ne sera pas adopté», a déclaré le Premier ministre devant le groupe parlementaire du parti socialiste (Pasok) lundi soir en laissant entendre que le référendum était attendu pour le début 2012.

«La volonté du peuple grec s'imposera à nous», a-t-il ajouté, tout en indiquant qu'il allait également demander un vote de confiance sur l'accord sur la dette au Parlement, où il dispose d'une majorité qui s'est effritée à 153 députés sur 300 sièges devant la montée des oppositions aux mesures d'austérité qui accompagnent le soutien financier au pays. Le vote de confiance devrait intervenir vendredi.
Manifestation contre une perte de souveraineté

Le pari du Premier ministre grec intervient alors que le pays entre dans une série de négociations techniques très sensibles avec ses partenaires européens et ses banques créancières, qui ont accepté jeudi dernier d'échanger les obligations grecques qu'elles détiennent contre de nouveaux titres dont la valeur est réduite de 50%.

Parallèlement, des manifestations se sont déroulées dans de nombreuses villes vendredi à l'occasion des défilés de la fête nationale, pour protester contre les conséquences de l'accord européen qui donnent aux créanciers plus de contrôle sur la politique budgétaire du pays, faisant craindre à certains une perte totale de souveraineté.

Aux cris de «Traîtres, traîtres», des milliers de manifestants massés à Salonique (nord) sur l'avenue où devait avoir lieu le défilé militaire annuel du 28 octobre ont empêché le déroulement de la parade, contraignant le président de la République Carolos Papoulias à quitter les lieux, du jamais vu dans la jeune histoire de la Grèce moderne.

Et un sondage paru le week-end dernier montre qu'une majorité de Grecs jugent les décisions du sommet européen négatives, 12,6% seulement les jugeant positives. Le sondage, mené par l'institut Kapa Research pour le journal To Vima, a été mené auprès de 1.009 personnes.
Renforcement des contrôles sur la politique budgétaire

Jeudi dernier, au terme d'un sommet marathon, les dirigeants européens ont trouvé un accord pour effacer une partie de la dette grecque qui s'élève aujourd'hui à plus de 350 milliards d'euros, niveau jugé intenable. L'accord conclu avec les banques porte sur un renoncement à cent milliards d'euros.

Athènes recevra en outre de nouveaux prêts internationaux de 100 milliards d'euros. Par ailleurs, 30 autres milliards sont réservés aux banques grecques, qui jouent leur peau dans l'opération d'échange de dette, étant les plus grosses détentrices d'obligations souveraines grecques.

En échange, le pays doit accepter un renforcement des contrôles sur sa politique budgétaire, jusqu'à présent contrôlée tous les trois mois par une «troïka» où sont représentés les trois principaux créanciers du pays: Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international.

A l'issue de l'accord jeudi, le gouvernement grec a indiqué que des membres de la troïka seraient désormais basés en permanence en Grèce.

Pour Ilias Nikolakoulos, politologue, la décision «dangereuse» de M. Papandréou relève d'une «réaction de panique» devant l'effondrement que subit le Pasok dans les sondages.

Jusqu'à présent, la Grèce a connu un seul référendum en 1974 après la dictature des colonels.

M. Vénizélos a indiqué que le référendum aurait lieu après la fin des discussions qui démarrent avec les banques.

Une des questions les plus délicates en suspens, relevant aussi de la souveraineté, est de savoir si les nouvelles obligations (à prix réduit) qui seront émises seront de droit grec ou de droit international. Un débat feutré agite la City et les colonnes de la presse financière anglo-saxonne, qui s'inquiète de voir ses intérêts mis en danger au cas où la Grèce serait contrainte de faire défaut ultérieurement sur la reste de sa dette.

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