mardi 1 novembre 2011
Grèce : Heureux qui comme Ulysse…
Pour tout économiste sérieux, la décision de remettre une fraction de la dette grecque est un événement souhaitable.
A titre de boutade, le contrôleur des finances du Royaume de France entre 1768 et 1774, l’abbé Terray (1715-1778), ne disait-il pas que « la banqueroute est nécessaire, une fois tous les siècles, afin de mettre l’Etat au pair » ?
Certes, une telle solution semble toujours cataclysmique, mais elle ne serait qu’un épisode relativement banal quand elle est analysée avec le recul de l’histoire. Les analyses de l'économiste Ken Rogoff montrent que, même parmi les économies aujourd’hui avancées, les épisodes de défaut de crédit ont été fréquents. Par exemple, ils considèrent que la Grèce a été en « défaut » 48% des années depuis 1829 et l’Espagne, 24% depuis 1800.
Partout en Europe, l’étau se resserre sur les pays en déséquilibre. Les prêteurs complaisants sont devenus des créanciers exigeants. Les banquiers révèlent, plutôt qu’ils ne créent des crises sociales. En fait, les banques d’affaires confrontent aujourd’hui les gouvernements européens à la finitude de leurs modèles de répartition sociale. Ils posent l’équation fiscale qui se structure désormais dans la dépendance des capitaux étrangers.
Et, en Grèce comme ailleurs, il faut rester extrêmement prudent. Le pouvoir n’appartiendra jamais à la banque centrale Européenne ou au FMI. C’est la rue qui le possède. Un gouvernement peut, au mieux, convaincre des bienfaits d’une devise, tel l’Euro. Il ne pourra jamais l’imposer. Et c’est là que se situe le véritable message de la crise financière et économique : il s’agit de la prospérité des générations futures.
Le mauvais scénario serait que l’Euro, forgé pour sceller la paix entre les nations européennes, soit le ferment de troubles sociaux qui appellent des réactions autoritaires. Ce scénario ne doit jamais être exclu car, après les crises, les États sont toujours quelque peu liberticides.
Si la jeunesse des pays du Sud n’est pas enthousiasmée dans un projet de société où elle sera un acteur dominant, la tiédeur du climat ne camouflera pas son désespoir. Les jeunes ne se retrouveront pas dans la vieille Europe, âgée, rentière et industrielle. La Ruhr, les ports hollandais et les autoroutes belges seront loin de leurs exigences.
Si la seule perspective d’avenir se résume, pour cette jeunesse, à accueillir dans les infrastructures touristiques les épargnants de l’Europe du Nord, l’étau de l’Euro deviendra insupportable. Une tyrannie monétaire, sans projet d’avenir pour la jeunesse, sera donc réfutée.
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