TOUT EST DIT

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mercredi 26 janvier 2011

Le Liban sous la coupe du Hezbollah


1982-2011. Depuis vingt-neuf ans, la vie politique libanaise doit compter avec un acteur forgé par la guerre civile. Le Hezbollah, le parti de Dieu. Un mouvement né après la révolution iranienne et l'invasion israélienne du Liban, nourri par son opposition armée, constante depuis lors, à l'État hébreu. Milice connue pour ses faits d'armes anti-américains et anti-israéliens, parti politique à l'influence grandissante sur la scène intérieure, mouvement social rendu incontournable par les défaillances de l'État libanais : le Hezbollah est tout cela à la fois. Son fief, c'est le Liban Sud et une partie de la banlieue de Beyrouth ; la communauté chiite, celle dont il défend les intérêts ; Damas et Téhéran, ses soutiens financiers, politiques, militaires.


Depuis hier, le Hezbollah est encore davantage. En faisant chuter, le 12 janvier, le gouvernement de Saad Hariri et en favorisant, hier, la nomination de son successeur, Najib Mikati, le Parti de Dieu est devenu l'actionnaire principal du gouvernement libanais. Un rôle inédit qui inquiète au plus haut point Washington et Paris, même si Najib Mikati, sunnite richissime formé à Harvard et en bonne cour à Damas, prône le consensus et clame son indépendance.


L'inquiétude est un mot sans doute faible, car, pour les Américains, soutiens économiques et militaires du gouvernement libanais, voir le Hezbollah, qu'ils considèrent comme une organisation terroriste, tirer à ce point les fils de la politique libanaise, laisse présager des heures difficiles.


Leur première crainte : un possible retour des violences confessionnelles, dont les manifestations d'hier pourraient n'être qu'un hors-d'oeuvre. La seconde : la mutation des équilibres sur l'échiquier régional. La montée en puissance du Hezbollah illustre aussi celle de son mentor, l'Iran, dont le poids dans la région n'a cessé d'augmenter depuis la chute de Saddam Hussein. Toute déstabilisation du Liban ne peut que faire le jeu de Téhéran et crisper, encore un peu plus, Israël.


Paris n'est pas moins inquiet. Près de 1 500 soldats français (le second contingent de la force des Nations unies sur place, la Finul) sont toujours déployés au Liban Sud. En outre, même si Nicolas Sarkozy n'entretient pas les relations intimes qui étaient celles de Jacques Chirac avec le camp Hariri, la France s'est beaucoup investie, depuis trois ans, pour aider le Liban à trouver une stabilité, pour sortir de l'impasse syrienne en renouant avec Damas dans le but d'affaiblir l'axe syro-iranien. Washington, sur ce point, a suivi Paris. Une ambassade américaine a été rouverte tout récemment à Damas.


Le déclencheur de la crise actuelle, c'est l'enquête menée par le tribunal spécial pour le Liban chargé de juger les responsables de l'assassinat, en 2005, de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, le père de Saad. Tout porte à croire que le Hezbollah va être mis en cause dans ses conclusions, annoncées pour début février. C'est ce calendrier et ce détonateur que le parti chiite, qui n'a cessé de se réarmer depuis sa guerre contre Israël, il y a cinq ans, a exploité pour dynamiter le fragile ¯ et inerte ¯ équilibre institutionnel du Liban. L'État particulièrement faible d'un Proche-Orient livré, plus que jamais, au jeu communautaire.

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