TOUT EST DIT

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mercredi 26 janvier 2011

A l'est de Tunis

La « révolution de jasmin » n'est sans doute pas terminée. Il lui reste à accoucher d'un gouvernement suffisamment représentatif et accepté par la population. Pour l'heure, on perçoit en tout cas les principales raisons, politiques et personnelles, de la chute de Ben Ali. Politiques : son régime dictatorial rustique n'a pu résister aux acquis hérités de Bourguiba, tels le niveau général d'éducation, la libération des femmes, une certaine laïcité ambiante, un développement économique (dont touristique) tiré de ses propres ressources d'activités. A quoi se sont ajoutées quelques graves faiblesses personnelles comme une culture du leader limitée aux techniques policières, un certain vide de projets, une famille calamiteusement prédatrice. La plupart des commentaires en extrapolent un vade-mecum pour les révolutions arabes à venir.

Mais il faut aussi prêter quelque attention à ce qui lui vient de sa frontière de l'est, la Libye de Kadhafi. Le leader illuminé ne s'est jusqu'ici principalement manifesté que par son regret public de la destitution de Ben Ali, agrémenté du rappel d'une fraternité historique entre les deux voisins. Or elle est réelle. Qui se souvient en effet d'une certaine « journée historique » de janvier 1974 ? Ce jour-là, Bourguiba et Kadhafi avaient projeté ensemble une « République arabe islamique » commune, objet d'un référendum avorté, et appelant l'Algérie, la Mauritanie et le Maroc à la rejoindre... Bourguiba y consentit sans doute par opportunisme, mais Kadhafi apparemment y croit toujours. Sa tête un peu fragile affaiblit certes le propos, mais ses 32 milliards de recettes pétrolières annuelles peuvent ne pas laisser indifférent un nouveau gouvernement, incertain de ses projets et de ses recettes publiques. Ce n'est pas là prévoir, encore moins prédire. Seulement noter qu'avant de célébrer le nouveau rayonnement de la Tunisie sur les autres, il est prudent de tenir compte des radiations auxquelles elle est elle-même exposée.

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