Un véritable plébiscite. La première émission du Fonds européen de stabilité financière (FESF) a rencontré un enthousiasme sans précédent. Pour un véhicule dont certains dénoncent depuis des mois l'insuffisance des moyens ou la gouvernance chaotique et dont le rôle est de financer les besoins des Etats délaissés par les investisseurs pour cause de doute sur leur solidité financière, c'est plutôt inattendu.
Bien sûr, l'excédent actuel de liquidités sur les marchés n'est pas pour rien dans ce succès. Mais, n'en déplaise aux eurosceptiques, il valide aussi et surtout la riposte de l'Union à la crise de la zone euro. La solidarité communautaire a payé. En dépit des nombreuses difficultés qu'il a fallu surmonter pour mettre sur pied cette structure dans l'urgence, le résultat est là. En se ruant sur du « papier » à la rémunération des plus limitées, les investisseurs ont exprimé un vote de confiance massif à l'égard du mécanisme de sauvetage des Etats périphériques.
Les Européens auraient toutefois tort de se satisfaire de ce coup de maître initial. De considérer qu'il s'agit là d'un chèque en blanc. D'abord, parce que le plébiscite d'hier s'est nourri des engagements esquissés ces dernières semaines. Le relèvement de la capacité d'emprunt du Fonds et l'élargissement de ses missions au rachat d'obligations souveraines sur le marché secondaire sont déjà « dans les cours ». Alors que la crise irlandaise s'éloigne, les investisseurs sont manifestement prêts à faire de nouveau crédit à l'Union. Mais pour quelque temps seulement. Il faudra donc rapidement passer à l'acte pour maintenir cette confiance.
Ensuite, parce que l'opération d'hier marque une rupture. Pour nombre d'investisseurs, les titres du FESF, qui offrent des garanties proches de celles du Bund allemand pour un rendement supérieur, préfigurent les futurs eurobonds. On n'en est certes pas encore là. Les obstacles, notamment politiques et institutionnels, à franchir sont nombreux avant de pouvoir imaginer lancer des obligations communes pour la zone euro. Mais le coup est parti. Et les investisseurs pourraient avoir envie d'accélérer le tempo. L'accueil qu'ils réserveront aux prochaines émissions de l'Espagne et du Portugal devrait à cet égard être riche d'enseignements.
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