TOUT EST DIT

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samedi 29 janvier 2011

Avec Omar Souleiman, le régime égyptien se replie sur lui-même

Il aura fallu la pression sans précédent de la rue égyptienne pour que le président Hosni Moubarak, en place depuis 1981, se décide, samedi 29 janvier, à pourvoir le poste de vice-président qu'il avait lui-même occupé, de 1975 à 1981, jusqu'à l'assassinat, le 6 octobre 1981, de son prédécesseur Anouar Al-Sadate. Ce poste avait été laissé vacant pendant trente ans, sans doute parce que le raïs redoutait la concurrence d'un héritier institutionnel. Sa promotion écarte définitivement l'hypothèse d'une transition du pouvoir, quasi dynastique, au fils du raïs, Gamal Moubarak, qui se reposait pour sa part sur les milieux d'affaires.

L'urgence de la situation témoigne de la nécessité de garantir, au moins en apparence, une continuité de l'Etat alors que le départ du président constitue depuis le début du soulèvement égyptien, le 25 janvier, le principal mot d'ordre des manifestants.
La désignation d'Omar Souleiman, le chef des services de renseignements égyptiens, n'a rien d'une surprise. Apprécié de ses homologues occidentaux et israéliens, ce militaire de formation né en 1936, en poste depuis près de deux décennies, est apparu en pleine lumière au début de la deuxième intifada en prenant en charge pour l'Egypte le dossier palestinien, tout particulièrement Gaza puis les tentatives de réconciliation entre les deux principales factions que sont le Hamas et le Fatah.
En nommant M. Souleiman, M. Moubarak témoigne du fait que le régime égyptien se recroqueville sur sa base militaro-sécuritaire, alors que la contestation qu'il affronte est avant tout politique et sociale. S'il est plus jeune que M. Moubarak, âgé de 82 ans, M. Souleiman appartient à une toute autre génération que celle qui défile dans les rues.
Autant le nouveau vice-président peut incarner la lutte livrée avec succès dans les années quatre-vingt dix contre les tentatives de déstabilisation de groupes islamistes radicaux finalement écrasés par une répression impitoyable, autant il est en décalage vis à vis des mouvements de contestations nés dans la société civile égyptienne au cours de la dernière décennie, qu'il s'agisse de la vague "kefaya!" (ça suffit!) qui avait obligé le régime à une timide ouverture politique (l'organisation de la première élection présidentielle pluraliste et au suffrage universel en 2005), ou des émeutes de Mahalla, en 2008, qui ont préfiguré la tentative de soulèvement actuel.
Gilles Paris

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