samedi 29 janvier 2011
Chez l'oncle Picsou
Le forum de l'économie mondiale se tient à Davos, dans le coffre-fort suisse de l'oncle Picsou. Tous les ans, au pays du secret bancaire, sur le tonneau d'or des comptes numérotés, les riches de ce monde joignent l'inutile à l'agréable et parlent de notre avenir. Comme s'ils étaient l'élite de la pensée universelle. Régulation, mondialisation, taxation... Au salon des idées à la mode, Davos reste la « financial party » où il faut se montrer. Que la crise ait tsunamisé les mauvaises valeurs du capitalisme n'y change rien. Les prédicateurs boursiers du rendez-vous suisse continuent de promouvoir la dérégulation et la souveraineté du casino financier, en écoutant d'une oreille distraite les velléités françaises de réforme du système monétaire international.
Les erreurs de stratégie et les prévisions à côté de la plaque sont une constante de ce séminaire de la « World company », comme disent les Guignols de l'info. Pourtant rien n'y fait : avec cet aplomb coutumier de l'aristocratie de l'argent, les spéculateurs s'entêtent à affirmer que la crise est derrière nous. Que les déficits plombent la croissance, que le chômage grimpe et que les réductions d'emplois soient l'unique variable d'ajustement de l'économie souffrante n'est pas leur problème, puisque les seuls pénalisés sont les salariés.
Même si Nicolas Sarkozy s'est départi du « vous allez voir ce que vous allez voir » pour revenir à une modestie de bon aloi sur les résultats du G20, Davos est l'impudique affirmation que la crise financière et les faillites bancaires n'ont rien changé. Comme si de rien n'était, le forum suisse continue de renvoyer l'image d'une classe dominante de politiques et de patrons qui s'entendent sur le dos de ceux qui vivent de leur travail ou de leurs allocations.
Non seulement ces entretiens sont une survivance incroyable et frappée du sceau d'un rituel convenu, mais leur ouverture intervient le jour où l'on nous annonce que, l'an dernier, la Bourse a augmenté de 10 % et le chômage de plus de 5 %. Deux résultats qui interpellent fortement les indicateurs de notre bonne santé économique. Tout en confirmant sans ambiguïté que le seul thermomètre qui vaille à Davos est celui de la Bourse plus que celui de la pauvreté galopante.
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