samedi 29 janvier 2011
Comme Ben Ali
Les Chinois censurent internet en interdisant l’accès à certains mots-clés ; les Iraniens ont bloqué Twitter et Facebook lors des manifestations contre la réélection contestée d’Ahmadinejad. On le savait déjà : les réseaux sociaux sont une écharde dans le pied des dictateurs. Mais personne n’avait encore osé, comme l’a fait hier le président Moubarak, fermer purement et simplement la quasi-totalité des communications électroniques. Depuis 24 heures, en Égypte, les internautes sont devant un écran noir et les téléphones portables sont muets. Premier constat : cette censure n’a servi… à rien. Les manifestants étaient des centaines de milliers, hier, dans toutes les grandes villes du pays, à réclamer le départ du dictateur en place depuis 1981.
Voilà qui relativise le poids de la technologie. Twitter, Facebook et les téléphones portables ont aidé les Tunisiens à s’unifier pour chasser Ben Ali, certes. Mais le vrai moteur des révoltes reste l’aspiration des peuples à une vie meilleure. Le mécontentement n’est pas virtuel, on ne le coupe pas en pressant sur un bouton.
Après s’être enfermé pendant quatre jours dans son palais, Hosni Moubarak a fini par se présenter à la télévision, tard hier soir, pour dire qu’il… resterait en place, mais qu’il avait compris les aspirations des Égyptiens. Le discours ressemble à s’y méprendre à la dernière tentative de survie de Ben Ali.
Moubarak s’adressait à la fois à sa population et à ses alliés occidentaux, tout particulièrement américains, qui se sont inquiétés bruyamment, hier, de son autisme. Ses vagues promesses de démocratisation laissent dubitatif. Elles sont infirmées par avance par la chape de plomb qu’il a mise en place dans la journée d’hier et par les 27 morts que la répression a faits depuis mardi. Le dictateur égyptien n’a pas pris la mesure de l’exaspération et du désespoir de son peuple, ni de l’impasse dans laquelle se trouve son allié US (ne parlons pas des Européens, entièrement hors jeu). Les Américains ont aveuglément soutenu, pendant des décennies, un régime qui n’a fait que garantir un fragile statu quo géopolitique, alors qu’il aurait fallu mener des actions résolues contre la pauvreté, pour la paix et pour la démocratie. Cette stratégie est en bout de course. En Tunisie, la révolution de palais du 14 janvier n’a pas suffi à calmer les esprits. La pression reste forte. En Égypte, elle peut, plus que jamais, mener à une explosion aux conséquences incontrôlables.
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