TOUT EST DIT

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lundi 4 novembre 2013

Des trémolos qui sonnent faux

Des trémolos qui sonnent faux

La mort de deux journalistes au Mali fait-elle vendre ? La question mérite crûment d’être posée au regard des multiples – et grandiloquentes – réactions de la classe politique française depuis l’annonce de l’assassinat au Mali de nos confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Comme si les hommes et femmes politiques voulaient profiter de l’émotion qui s’est emparée du pays et, en premier lieu, de notre profession, pour se refaire une virginité à bon compte.
Certes, depuis samedi, la France est sous le choc, redécouvrant la barbarie aveugle du terrorisme. Hier diplomates, hommes d’affaires, expatriés de grandes entreprises ou secouristes, ses victimes, aujourd’hui, sont journalistes. Ce qui ajoute une symbolique supplémentaire, phénomène très recherché en matière terroriste. Ainsi, derrière la guerre pour le pouvoir et les territoires au Mali, c’est sur le terrain de la guerre des idées, celle du droit à l’information, qu’ont frappé les assassins de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux grands professionnels.
Les envolées lyriques de la classe politique française en faveur de la liberté de la presse respirent cependant la récupération, voire l’indécence. Sauf à considérer que seuls les journalistes évoluant dans les zones à risque méritent le respect et le droit d’exercer leur métier sans contrainte, la liberté de la presse ne se décline pas selon les lieux ou les circonstances. Elle est un droit indivisible et inaliénable, au Mali comme à Paris, à Moscou comme à Pékin ou Washington. Alors, certes, on ne tue plus, en France, un journaliste du fait de ses activités professionnelles, mais le 37e rang occupé par notre pays au classement mondial en matière de respect de la liberté de la presse n’autorise pas l’exécutif ou les élus de la représentation nationale à donner des leçons.
Pour l’heure, nombreux sont ces élus qui font la révérence à Poutine, grand défenseur, s’il en est, de la liberté de la presse, ou fustigent une presse qui aime aussi chercher les vérités qui dérangent. Heureusement, tous ceux qui ont affirmé ce week-end que le droit à l’information est « indissociable de la démocratie » ont l’occasion de mettre leurs actes en adéquation avec leurs discours. Le projet de loi à venir sur la protection du secret des sources des journalistes a, en effet, été vidé de son sens et au lieu de renforcer ce secret des sources, il l’affaiblit. Voici une occasion, Mesdames et Messieurs les parlementaires, d’apporter une contribution concrète à la liberté de la presse.

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