Le principe de base des systèmes d’échanges locaux est de favoriser des échanges de services, de savoirs et parfois de biens sans recourir à l’euro, mais sur la base d’une unité de compte fictive. Ainsi les quelque 30 000 membres des 350 SEL qui existent en France peuvent, selon des modalités très diverses, échanger une heure de jardinage contre une leçon d’anglais ou une heure de garde d’enfant.
Dans un contexte de crise, les SEL attirent des personnes qui espèrent pouvoir accéder à des services peu chers. Mais ils sont bien autre chose qu’un réseau où l’on peut faire de bonnes affaires. Les SEL sont nés d’un constat : l’échange monétaire exclut. D’une manière générale, les plus démunis ne peuvent entrer dans la ronde des échanges parce que leurs compétences ou leurs savoir-faire ne sont pas reconnus ou mobilisés. En valorisant toute activité, indépendamment de la qualification qu’elle requiert, les créateurs des réseaux d’échange cherchent à briser le cercle de l’exclusion. En effet, dans le cadre d’un SEL, l’accès à un service n’est pas une finalité en soi, mais est l’occasion d’une rencontre, d’une parole. Les SEL contribuent ainsi à leur manière à la vitalité du lien social en favorisant des relations au cœur même de l’échange économique, y compris entre des personnes qui autrement ne se croiseraient pas.
Dans l’échange marchand habituel, la logique est celle de l’équivalence, celle du donnant-donnant. Les liens de réciprocité entre le vendeur et l’acheteur s’éteignent avec la fin de la transaction. L’un et l’autre sont quittes. La logique des SEL est tout autre. Elle fait de la réciprocité le moteur de l’échange des biens et des services entre les hommes.
Les SEL n’ont pas vocation à se substituer à l’échange marchand. En période de crise, ils ont une utilité sociale de premier ordre pour permettre aux plus démunis de garder la tête haute en leur permettant de commercer avec d’autres. Mais plus encore, ils font percevoir qu’il n’y a pas d’économie au service de l’homme si la gratuité n’y a pas sa place.
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