TOUT EST DIT

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vendredi 20 août 2010

Atterrissage à Brégançon

Enfin, on revient sur terre.
Après deux semaines de récréation politique et de fantaisies dérivatives sur le thème de la sécurité, l'exécutif se concentre sur les problèmes immédiats auxquels il sera confronté à la rentrée : la croissance et le déficit budgétaire. La petite réunion de poids lourds gouvernementaux convoquée ce matin au fort de Brégançon par le président de la République prend donc des allures de veillée d'armes.
Personne, autour de la table, ne se fait d'illusion. En dépit du triomphalisme de circonstance de Christine Lagarde, les 0,6 % de croissance enregistrés au deuxième semestre - quatre fois moins que l'Allemagne ! - sont insuffisants pour enclencher le mouvement vertueux qui doit permettre à la France de réduire ses déficits publics de 8 % du PIB aujourd'hui à moins de 3 % d'ici 2013.
Si l'agence de notation Moody's a bien renouvelé le label AAA - le meilleur possible - qui atteste de la crédibilité économique et financière de notre pays auprès des marchés - elle l'a assorti de remarques sur la dégradation relative de la situation française. Des doutes clairs sur la capacité de l'État à tenir ses engagements.
A elle seule, la décisive réforme des retraites - qui n'est que le premier étage de la fusée - n'est pas encore acquise. Jusque-là, le gouvernement a plutôt bien géré le calendrier, mais il doit mettre au point un nouvelle stratégie pour la phase finale de septembre où il devra affronter le mécontentement syndical et la rue... Handicap supplémentaire : l'acteur principal de cette construction politique majeure du quinquennat est devenu presque encombrant. Hors jeu, le ministre du Travail, Éric Woerth, n'a même pas été invité à Brégançon...
L'autre levier pour trouver les introuvables dix milliards d'euros n'est pas moins explosif. Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas augmenter les impôts et il va devoir le faire. Pas le choix. Du rabotage général des niches fiscales (de 10 % au moins) au relèvement de la dernière tranche d'impôt, qui touchera les contribuables les plus riches, le chef de l'État est condamné à être très convaincant pour justifier son revirement. Mais comment être performant pour rendre des arbitrages budgétaires douloureux et traverser ces semaines de turbulences avec une équipe ministérielle usée et un Premier ministre en fin de vie gouvernementale ? Au fort, ce ne sera pas seulement la fin des vacances. Le début des travaux forcés.

Olivier Picard

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