L'économie chinoise est-elle déjà la deuxième économie du monde ? Ne chipotons pas, l'essentiel est qu'elle a accompli d'immenses progrès, et cela contre tous les pronostics. Y compris ceux de sa propre population car, aujourd'hui encore, il y a beaucoup plus de Chinois pour quitter leur pays que pour y revenir.
Plutôt que de se lamenter face aux succès d'une économie émergente, il vaut mieux, pour nos sociétés européennes, tirer la leçon de l'événement. Celle-ci est simple, mais dure : dans la hiérarchie entre les pays, l'économie a toujours été et reste un facteur fondamental. Les pays européens avaient dominé la Chine, il y a près de deux siècles, parce que leurs économies capitalistes étaient plus dynamiques. Aujourd'hui, la Chine communiste et capitaliste retrouve son rang ancien pour la même raison, réussissant là où la métropole du communisme, l'URSS, avait échoué. La leçon est donc claire : nous perdrons notre rang si nous ne relançons pas notre croissance économique.
D'un autre côté, les Chinois, dirigeants et société civile confondus, feraient bien de réfléchir à l'histoire de certains pays qui avaient opéré, eux aussi, des démarrages ou des accélérations rapides, et en particulier de l'Union soviétique ou l'Allemagne hitlérienne. Ces pays se sont ensuite effondrés, entre autres, car il leur a manqué un élément fondamental : porter des valeurs crédibles aux yeux de leurs populations, comme du reste du monde. Leurs régimes sont morts à cause de leurs crimes. Les despotes chinois contemporains seraient donc bien inspirés de méditer cette leçon, et d'abord, au moins, de laisser travailler ceux qui, chez eux, y réfléchissent.
En attendant, il faut souhaiter que les responsables du monde entier se penchent sur la façon d'accueillir l'ascension chinoise. Non pas pour constituer des alliances défensives, mais pour faire comprendre et admettre à la Chine les règles du monde contemporain et pour faciliter son atterrissage parmi nous. Il y faut de la fermeté, sans doute, mais aussi de la générosité.
Les Chinois nous connaissent peu et ils ne nous aiment guère, quoi qu'ils disent : comment s'en étonner, compte tenu des prédations que nous avons commises chez eux ? Les connaissons-nous mieux ? Ce n'est pas sûr. En tout cas, nous ignorons trop souvent leur langue et leur culture. Un véritable « plan Chine », lucide et ambitieux, devrait être mis en place par les autorités européennes. Il pourra ouvrir la route de l'entente avec ce grand pays qui retrouve son rang...
(*) Directeur de recherche au Céri (Centre d'études et de recherches internationales).
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