TOUT EST DIT

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vendredi 20 août 2010

La trace numérique

Il ne faut peut-être pas vivre caché pour vivre heureux. Mais peut-on vivre heureux si l'on ne cache rien ? A l'heure du boom de l'Internet et des réseaux sociaux, les citoyens numériques du XXI e siècle laissent en tous les cas bien trop de traces digitales sur le Web.

Les fermes de serveurs poussant sous le contrôle de Google comme de Facebook accumulent chaque jour des milliards de données concernant des millions d'internautes. Sites visités, mots clefs recherchés, heures d'accès au Web mais aussi informations personnelles, photos, chat, e-mails… tous les clics ou presque sont enregistrés. Et avec la généralisation des « smartphones », le « Netizen » est sous surveillance passive quasi permanente. La géolocalisation permettant même de savoir qui se trouve où à l'instant T. Demain, les Web-annonceurs seront de plus en plus nombreux à croiser informations personnelles et localisation géographique pour bombarder de messages publicitaires les cyber consommateurs.

A l'aube de cette nouvelle ère numérique, il est urgent que l'internaute sorte de sa relative passivité en commençant par apprendre à se méfier. Tiraillés entre la tentation de révolutionner les modes de communications et celle de monétiser leurs inventions, les ténors du Web qui prétendaient qu'ils ne feraient jamais le mal ne sont plus des start-up désintéressées mais des entreprises à la recherche du profit. Face à elles, le citoyen doit se comporter en consommateur exigeant et vigilant. Il doit faire jouer la concurrence mais aussi refuser la facilité en donnant trop facilement des informations qu'il a souvent le droit de protéger.

L'internaute se doit aussi d'accroître la pression sur les politiques et les autorités de régulation pour qu'elles encadrent plus rigoureusement les pratiques des champions du Web. Dans un secteur aussi innovant, aucun législateur ne peut bien sûr adopter des lois capables de tout prévoir. Il n'est pas davantage question d'imposer un carcan réglementaire qui briderait le progrès. Mais il est temps de forcer les Google et Facebook à suivre quelques règles de base. Leurs pratiques en matière de défense de la vie privée doivent en particulier être transparentes et simples à comprendre. Le droit à l'oubli numérique permettant d'effacer totalement ses traces informatiques doit également être affirmé sans que les acteurs du Web puissent se protéger derrière d'hypothétiques difficultés techniques. Et, pour que les Etats européens, par exemple, puissent se faire obéir, il faut sans doute obliger les acteurs du Web à localiser leurs serveurs sur le Vieux Continent. Pour de mauvaises raisons, les dictatures ont prouvé que l'on pouvait contrôler le Web. Les démocraties ont de bonnes raisons de chercher à simplement en limiter les abus.

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