TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 20 août 2010

« La France perd 200 fermes par semaine »

Marc Dufumier est ingénieur agronome et enseignant chercheur, très recherché en conférences débats dans toute la France sur l'accès à la terre et les modes de productions agricoles alternatifs.

- Que vous inspire le développement récent de Terre de Liens en France ?

« C'est l'une des pistes à suivre de toute urgence pour freiner la disparition progressive des exploitations agricoles. En France, chaque année, 66 000 hectares de terres agricoles sont artificialisés, c'est l'équivalent d'un département français moyen artificialisé tous les dix ans. La France perd 200 fermes par semaine, c'est 160 hectares en moins chaque jour de perdus au profit du bitume. L'autonomie des agriculteurs, condition de leur maintien, est déjà défendue depuis longtemps par le CEDAPAS, un réseau d'agriculteurs prônant le retour à une agriculture paysanne, non industrielle. Terre de Liens s'engage dans la même voie... »

- Un retour en arrière est-il souhaitable ?

« Oui. L'agriculture ne rémunère plus ses agriculteurs. On a des surplus de céréales, de sucre et de viande et des déficits en protéines végétales. On surproduit ce qu'on a de trop (qui est subventionné), on aggrave en même temps notre déficit alimentaire et la standardisation des semences.

On impose aujourd'hui des variétés "améliorées" pour plus de rendements, pour amortir les capitaux investis (intrants, matériels, charges fixes...). Les écosystèmes et les paysages sont simplifiés à l'extrême. Sans insectes, sans coquelicots, sans la biodiversité qui enrichit naturellement les sols. C'est un véritable forçage et nos régions sont devenues hyperspécialisées, avec parfois des concentrations animales insupportables (les cochons en Bretagne, polluant les eaux). Au contraire, il faudrait libérer les terres pour rétablir l'autonomie en protéines (luzerne, trèfles, légumineuses protègent les sols), ne plus importer le soja brésilien, réhabiliter le fumier pour ne plus acheter de l'azote de synthèse, très cher en gaz naturel russe ou norvégien. L'avenir de la France, c'est le retour aux terroirs ! Chacun dans sa région, voilà qui est moderne ! ».

0 commentaires: