Le candidat Hollande fut élu grâce à deux facteurs : l'envie de
certains de se débarrasser de Sarkozy, et l'envie d'autres de faire
payer les riches pour relever une économie au bord du gouffre. Flanby
président, l'économie est maintenant au fond de l'abîme, et il faut bien
trouver des thunes. Or, si Sarkozy est bien parti, il a rapidement été
suivi des riches. Ce seront donc les entrepreneurs qui prendront. Cher.
Pendant la campagne, rappelez-vous, le brave, courtois et honnête Hollande avait promis de faire une "grande réforme fiscale" en engageant dès cet été la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG afin que "la contribution de chacun soit rendue plus équitable", avec pour but un "redressement dans la justice" et autres gentils qualificatifs qui donnait une ampleur biblique à l'ensemble de l'opération.
Après l'élection, les choses ont très légèrement changé. Quelques
gros naïfs de gauche s'en étonnent encore, et quelques benêts de droite
croient toujours à une issue plus joyeuse que celle qui se profile, mais
le doute n'est plus permis : l'honnête Hollande s'est transformé en
Flanby Le Menteur, voire Flambard si l'on en juge par l'obstination
pathologique à ne surtout pas réduire le train de vie pharaonique de
l’État. La facilité, la démagogie et les petites combines d'intérêts
particuliers ont mis fin à la belle révolution fiscale juste, équitable,
bisou-compatible et tout le tralala.
Et la présentation du projet de budget 2013 permet d'affirmer que la
tempête de vexations n'en est qu'à ses débuts : tout le monde en prend
pour son grade. À commencer, bien sûr, par la lie de l'humanité : ceux
qui produisent des richesses, ceux qui créent de l'emploi, ceux qui ont
l'affront de produire, vendre des biens et des services.
Il était temps : ce pays croulait sous les bonnes volontés et la
haine farouche du train-train fonctionnaire ; la rage libérale
d'entreprendre y ravage en effet les esprits, depuis une presse
complètement inféodée à l'ultralibéralisme triomphant jusqu'à la classe
politique, qui comme chacun sait (mais si !) est presqu'exclusivement
composée d'entrepreneurs self-made men et autre gourous des industries de toute sorte, aux dents longues et aux habitudes capitalistiques chevillées au corps.
Dès leur timide accession au pouvoir, les Socialistes se sont décidés
à mettre bon ordre à toute cette fièvre entrepreneuriale. Mais leurs
pouvoirs sont limités puisqu'ils n'ont que le sénat, le parlement, les
régions, les départements, les grandes villes, la presse, la radio, la
télévision, l'éducation, les administrations territoriales et nationales
et un petit bureau au 10 rue Solférino. Il leur fallait frapper un coup
décisif à toutes ces velléités latentes du pays à se transformer en
enfer libéral et paradis fiscal.
C'est pourquoi, en quelques jours, nos amis de la Joyeuse Socialie
ont vigoureusement douché les patrons. Il faut bien commencer par
quelqu'un, autant que ce soit par tous ces salauds de riches auto-entrepreneurs.
Pour cela, le projet de budget 2013 aligne les cotisations sociales,
honteusement favorables à ce statut, à celles des autres entrepreneurs.
Et vlan, voilà qui va bien les calmer, ces gros bourgeois qui gagnent
jusqu'à 20.000 euros par an ! Grâce à cette vigoureuse remise en
question du principe même d'auto-entrepreneur, la plupart des rares
rigolos qui voulaient encore se lancer avec ce statut reviendront bien
vite dans le giron du salariat ou du fonctionnariat qu'ils n'auraient
jamais dû quitter.
Parallèlement, une habile refonte du régime social des indépendants a
rapidement permis de saboter définitivement le revenu d'une
autre catégorie d'entrepreneurs. Le RSI,
pour ceux qui ne connaissent pas, c'est la fusion de toutes les caisses
de protection sociale des chefs d’entreprise en un seul organisme bien
gros, bien lourd, bien bureaucratique et pas du tout compréhensif
vis-à-vis de ceux qui l'alimentent. Les indépendants ont en effet le
toupet de cotiser fort cher pour une couverture sociale dont la plupart
du temps ils ne se servent pas. De plus, les cotisations sont toujours
calculées sur les revenus de l'année antérieure : miam, un bon gros
décalage de trésorerie, et voilà l'indépendant qui doit abandonner bien
vite l'idée de vivre de son activité. Et le plus beau est qu'une bonne
partie du temps, lorsque l'indépendant tombe malade pour une durée un
peu longue, son chiffre d'affaire devient nul alors que les cotisations,
elles, sont toujours réclamées. Rapidement, le cotisant ne touchant
plus rien, ne peut plus rien payer et se voit déchu de ses droits.
Voilà un service d'assurance comme on aimerait en voir plus souvent :
on récupère les cotisations et on ne paye pas la prime lorsqu'un
sinistre arrive. Malin ! À court terme et du point de vue de l'organisme
collecteur, voilà qui est fort efficace... (même si cela n'empêche pas
le RSI d'afficher un déficit abyssal). À moyen et long terme, bien sûr,
les indépendants vont disparaître, mais comme disait ce bon vieux
Keynes, l'ami des Socialistes sans rigueur, "d't'façon, au final, on est tous morts !"
Et puis, pour faire bonne mesure et comme il n'était écrit nulle part
que la fusion aboutissant au RSI devrait bien se passer, l'organisme en
a profité pour ajouter à sa vision très particulière de l'indépendant
une capacité naturelle à faire absolument n'importe quoi n'importe comment avec les cotisations et l'informatique derrière. C'est pour ajouter un petit côté fun à l'ensemble de l'opération, en quelque sorte.
Et alors que la première lame coupe l'auto-entrepeneur dans son élan,
que la seconde ratiboise l'indépendant un peu trop léger avec sa
gestion de trésorerie (quelle idée de gagner petit, aussi !), la
troisième lame du budget va s'occuper d'éradiquer une fois pour toute
cette lubie typiquement anglo-saxonne importée en France dans des années
d'euphorie lubrique capitaliste : la start-up.
Et pour parvenir à ce but limpide du socialiste qui a bien raison de
cogner sur le riche pas assez partageux, une méthode simple consiste
donc à aligner l'imposition des revenus du capital avec ceux du travail.
Ceci va conduire, par exemple, un entrepreneur qui cède son entreprise,
après 10 ans de labeur, d'incertitudes, de hauts et de bas, de semaines
de 70 heures, à payer 45% (d'IRPP) et 15,5% (de CSG/CRDS) soit plus de
60% sur la plus-value de cession. Non seulement, cela rapportera
quelques pépettes au budget (mais si, puisque Flanby vous le dit), mais
cela aura aussi l'effet palpable de couper les membres à toute personne
qui voudrait bêtement se lancer dans la création d'entreprise, la prise
de risque, les semaines interminables, les revenus en yoyo, et tout ce
qui fait le "charme" de ce genre de projet.
Et puis, comme le souligne Pierre dans son billet,
à ces 60,5% tronqués de la plus-value, le joyeux entrepreneur devra
ensuite s'acquitter de différentes taxes, dont les 45% de prélèvements
lorsqu'il mourra, lors de la transmission de son patrimoine.
On le comprend ici, les Socialistes, avec cette méthode en trois lames temps ont parfaitement réussi à faire passer un message clair : se lancer dans l'entreprise en France confine maintenant à la psychiatrie lourde.
Bon. Ceci posé, il reste un douloureux problème : ceux qui sont
encore dans les rouages de l'entrepreneuriat, et qui vont donc découvrir
toute une palette de sodomies fiscales créatives avec et sans chignole.
Pour ceux-là, guère d'espoir d'être entendu. C'est pourquoi je relaye
l'intéressante initiative d'un groupe d'entre eux qui a bien senti la
mise en route des trépans miniers après qu'on leur a imposé de se plier
en deux. Il s'agit d'un groupe Facebook dont le totem est, finalement, parfaitement adapté :
lundi 1 octobre 2012
Jeu du Lundi : pendons l'entrepreneur avec ses tripes
LE PIGEON
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire