TOUT EST DIT

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samedi 13 juillet 2013

Les verrous français

Les verrous français


Les verrous qui bloquent la France et l’enferment dans la stagnation, la médiocrité, la morosité, la logique du déclin, sont de nature idéologique, mentale, incrustés dans les cerveaux bien plus que dans les institutions, la finance ou les lois. L’actualité nous en donne trois exemples.
1/  L’exploitation du « gaz de schiste » dont la France est avec la Pologne le pays européen le mieux pourvu, nous donne l’occasion, grâce aux progrès technologique, de relancer la croissance, de créer un million d’emplois, de renforcer notre pays sur la scène européenne et planétaire. Or, la classe dirigeante, cela vient d’être répété ce matin par le Premier ministre, exclut cette perspective. En raison du risque supposé pour l’écologie, il n’est même pas question d’en étudier la possibilité. Je connais mal le sujet et n’ai pas encore d’idée arrêtée sur la question. L’interdit qui pèse sur ce débat d’intérêt national me semble en revanche profondément choquant.http://www.futura-sciences.com/magazines/terre/infos/dico/d/geologie
2/ En 2013, 90% des candidats au bac général obtiennent le diplôme. La sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur devient donc vitale pour s’assurer de la pertinence de l’orientation et  la valeur des diplômes. Tout le monde le sait. La qualité des formations est liée à l’existence d’une sélection à l’entrée, d’où le succès des grandes écoles et de certaines formations à caractère universitaire comme Science po ou « Paris dauphine » qui détiennent, on ne sait trop pourquoi, le privilège de pouvoir imposer un concours ou examen de passage aux candidats à une première inscription. Ces succès contrastent avec la faillite des enseignements ouverts sans limite, en particulier des facultés. D’où un enseignement supérieur à deux vitesses, effroyablement inégalitaire : celui de la réussite et celui de la paupérisation et de l’échec. Le tabou est hypocrite, pernicieux, absurde, mais toutes les élites françaises s’y complaisent aujourd’hui : pas de sélection, ne serait-ce qu’un entretien d’aptitude et de motivation, à l’entrée de l’université !
3/ La Cour des Comptes vient de publier un rapport critiquant la complexité de l’administration française. Nous le savons tous, l’empilement des niveaux d’administration et leur enchevêtrement est dramatique : Europe, Etat, région, département, arrondissements, cantons, structures intercommunales (multiples), communes, etc… Depuis des décennies, la lourdeur de ce dispositif ne fait que s’accroître, paralysant la vie publique, coûtant des fortunes aux contribuables, démultipliant les contraintes pour la vie des entreprises et des usagers. Cependant, il est hors de question de toucher au « mille feuilles » afin de ne pas déranger les rentes de situation et troubler les féodalités locales.
L’incapacité des dirigeants politiques ou administratifs à décider, à prendre des risques, à changer le paysage français, se traduit par deux types d’attitudes. La première est la « glaciation intellectuelle » : il est strictement interdit d’en parler, d’y réfléchir, de proposer, sous peine de passer pour un ringard ou un sale réactionnaire. Elle caractérise les élites dirigeantes au pouvoir ou dans les partis dits « de gouvernement ». La seconde est la « fuite en avant ». Pour éviter d’avoir à choisir et à décider, on se lance dans les grands idéaux abstraits et démagogiques, par exemple l’idée de « sortir de l’Europe »,  ou « rompre avec le capitalisme ». Cette attitude est celle des mouvements extrémistes (de droite ou de gauche). Un autre comportement révélateur de la France politique actuelle est le délire nombriliste de politiciens sans envergure, obnubilés par l’idée de s’installer à l’Elysée, dont les médias évidemment se régalent. Avant toute révolution sociale ou juridique, c’est une révolution des esprits dont la France a besoin.

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