TOUT EST DIT

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mardi 27 septembre 2011

La défaite de l’élégance démocratique

Ce n’est pas la moindre des vertus des démocraties. Par nature, le pouvoir politique y est préparé à encaisser toutes sortes de défaites électorales.

En France, depuis 1981, le rythme des alternances a habitué personnalités et institutions à accepter de passer la main avec philosophie en veillant à respecter un minimum de sérénité républicaine.

Le changement de majorité au Sénat aurait dû respecter ces règles de fair-play avec d’autant plus de naturel que cette belle maison a toujours été un havre de courtoisie et d’élégance. Au-delà de l’onctuosité de rigueur, l’élection du président de la Haute assemblée, samedi prochain, semble pourtant s’engager sur des bases très vulgaires.

Tout se passe comme si la droite ne parvenait pas à accepter une défaite dont la clarté n’est plus contestable. L’UMP — car il s’agit d’elle — continue d’espérer conserver dans les couloirs du palais du Luxembourg « le plateau » qu’elle a mathématiquement perdu dans les isoloirs de dimanche.

La personnalité du sortant, Gérard Larcher, n’est pas vraiment en cause : attachant, l’homme est sympathique, consensuel au-delà de sa famille politique, et il a bien servi l’institution. Il est naturel qu’il soit candidat à sa propre succession, fût-ce par dignité, ou pour prendre date… On a bien vu, au soir du scrutin, à quel point cette personnalité peu impressionnable était bouleversée par l’échec des siens, et en colère contre son propre parti et ses divisions.

Mais il est profondément choquant de voir ses proches manœuvrer en coulisse, sans aucun complexe, dans l’espoir de débaucher une demi-douzaine de voix à gauche pour le maintenir coûte que coûte à son poste. Trois voix de majorité ne signeraient-elles pas à leurs yeux une légitimité suffisante pour qu’il faille tripatouiller un arrangement de circonstance, forcément bancal ? Un tel bricolage dans l’urgence, toujours possible au Sénat où rien n’est vraiment rationnel — le valeureux Daniel Hoeffel, battu par Christian Poncelet en 1998, en fit la cruelle expérience — n’est souhaitable pour personne.

Une telle séquence donne une image bien peu ragoûtante de la politique dans une période critique où, précisément, elle souffre d’un déficit de considération. Elle abîme inutilement la crédibilité d’une assemblée au moment où la possibilité de l’alternance en son sein fait porter sur elle un autre regard.

La réputation du président de la République, qu’il faudrait à tout prix protéger de l’humiliation d’un Sénat perdu, mérite-t-elle de telles manœuvres d’arrière-garde ? Le chef de l’État aurait été bien inspiré de les faire cesser immédiatement. Muré dans un silence infantile, garde-t-il seulement suffisamment d’autorité pour prétendre faire respecter cette discipline de comportement qui l’engage plus qu’il ne le croit ? Sidérés, nous en sommes réduits à en douter.

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