Pourtant, dans l’entourage de Sarkozy, on y croit dur comme fer. « C’est lui le candidat et il est bon », martèle la députée UMP Valérie Rosso-Debord. Paradoxalement, c’est la crise qui pourrait offrir un nouveau mandat à Sarkozy. C’est en tout cas le pari de l’Elysée qui ne cesse d’insister sur la « crédibilité » du « capitaine » Sarkozy face à la supposée « irresponsabilité » du PS. Les difficultés économiques et financières et la peur d’un scénario à la grecque pourraient ainsi jeter les Français dans les bras du président sortant. De fait, sur ce terrain de la lutte contre les déficits, les études d’opinion montrent que le chef de l’Etat reste plus crédible que la gauche. « Bien sûr, ça ne va pas être un vote d’enthousiasme, soupire une élue UMP. Mais l’époque n’est pas à l’enthousiasme… »
Sarkozy fait aussi le pari qu’une fois désigné, le candidat socialiste sera davantage exposé aux critiques, ce qui devrait entraîner un rééquilibrage des forces. Le président sortant, a contrario, prendra soin de ne descendre dans l’arène de la campagne que le plus tard possible, pas avant février. D’ici là, officiellement, il « travaille », cependant que ses troupes mettent – discrètement – en place le dispositif de campagne.
La "bête de campagne" Sarkozy
A charge pendant ce temps pour le Premier ministre, François Fillon, de défendre le bilan du quinquennat et de garder les mains dans le cambouis, pendant que Sarkozy, lui, prend de la hauteur en se rendant en Libye ou à l’ONU. Mais parce que « l’international, ça compte, mais ça ne fait pas gagner », selon le mot d’un ministre, le chef de l’Etat continue parallèlement à sillonner le territoire chaque semaine. Samedi, il était à Nantes. Aujourd’hui, il est attendu dans l’Oise pour parler des biocarburants.Le temps de la campagne proprement dite viendra ensuite. Elle sera courte, intense et ne tournera qu’autour de deux ou trois thématiques simples. La majorité compte alors sur la « bête de campagne » Sarkozy pour arracher le morceau in extremis. Une façon de se rassurer à peu de frais ? En tout cas, même le PS s’en méfie : « Sarkozy sera bon en campagne puisqu’il ne sait faire que ça », prévient le député PS Bruno Le Roux (proche de Hollande). Il faudra que nous convainquions les Français que six mois de bonne campagne de Sarkozy, c’est l’assurance d’avoir cinq ans de mauvais Sarkozy. »
Au cœur de ce dispositif : Brice Hortefeux, pressenti pour diriger la campagne du futur candidat. En attendant, le député européen et vice-président de l’UMP a pris la tête de la nouvelle « cellule riposte » du parti présidentiel, une équipe d’une douzaine de ministres (Nadine Morano, Laurent Wauquiez, Thierry Mariani, Nora Berra) et d’élus (Eric Ciotti, Hervé Novelli, Axel Poniatowski, Edouard Courtial) chargée de valoriser le bilan du quinquennat et de répliquer à la gauche dans les médias. Elle se réunira désormais une fois par semaine, le mercredi. De ce point de vue, la mise en cause de Brice Hortefeux dans l’affaire Karachi constitue une très mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy.
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