mardi 27 septembre 2011
Record battu
La victoire de la gauche au Sénat dépasse les rêves les plus osés des dirigeants socialistes. Ceux-ci — comme la droite d’ailleurs – envisageaient un résultat « ric-rac », dans lequel les succès de la gauche attendus dans les départements urbains risquaient d’être contrebalancés par quelques gains de l’UMP dans les départements ruraux. Calcul erroné : la progression du PS et de ses alliés est uniforme, y compris dans les secteurs regroupant de petites communes dont les élus se disent massivement apolitiques. Si l’on excepte la Moselle, où la gauche perd un troisième siège conquis à la surprise générale en 2001, à cause de la division extrême de la droite, les résultats sont une longue liste de claques à l’UMP, qui perd même la Lozère ! Le ministre centriste de la Ville, Maurice Leroy, est battu dans le Loir-et-Cher : c’est la cerise sur le gâteau socialiste.
Le résultat des municipales de 2008, déjà favorable à la gauche, a été largement amplifié. La France des élites rurales divorce à son tour d’avec la majorité présidentielle. La réforme territoriale a braqué les maires, et le style Sarkozy a joué un rôle non négligeable dans cette rupture. Les élus locaux veulent être considérés, pas bousculés. Il ne sert à rien de multiplier les visites sur le terrain, si c’est pour survoler les villages en hélicoptère sans prendre la peine de se mettre à l’écoute et de boire un verre.
La réforme territoriale était nécessaire. Comme celle des tribunaux et de la carte militaire, elle a été menée à la hussarde et a été ressentie douloureusement par la France « d’en bas ». Cette défiance a de quoi inquiéter le chef de l’État, au moment où commence la campagne électorale. Le plus grave, pour lui, n’est pas dans la perte du Sénat. La gauche a pu gouverner à trois reprises, depuis 1981, contre l’opposition de la Haute assemblée, qui n’a jamais le dernier mot dans le processus législatif. Une certitude, toutefois : le vote de la « règle d’or » est désormais totalement impossible. Mais le dossier était déjà en coma dépassé avant les sénatoriales d’hier.
Le plus tragique, pour Nicolas Sarkozy, c’est la grogne qui monte dans des couches traditionnellement acquises à la droite. Mis à part les législatives qui ont suivi son élection, en 2007, le président de la République aura perdu absolument tous les scrutins intermédiaires de son mandat. C’est un record d’impopularité.
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