mardi 27 septembre 2011
L'union fait l'élection
En dépit de la sobriété des réactions, l’Élysée, Matignon et l’UMP bruissent, depuis hier, d’une fébrilité inhabituelle. On comprend pourquoi : leur échec aux sénatoriales prolonge une sombre séquence durant laquelle le sommet de l’État s’est trouvé cerné par les affaires, la crise, les mauvais sondages et la dynamique de la primaire à gauche.
Suprême humiliation, c’est à un socialiste – peut-être le très effacé Jean-Pierre Bel – que pourrait échoir la responsabilité constitutionnelle, certes assez théorique, de remplacer le président de la République, en cas de défaillance !
En elle-même, l’alternance au Sénat ne révolutionnera pas la vie politique. Contrairement à une idée reçue, la présidence du Palais du Luxembourg n’a pas toujours été de droite ni de la couleur du pouvoir. Cette nouvelle cohabitation en mode mineur peut certes compliquer la vie du gouvernement, mais sans paralyser l’État, l’Assemblée nationale, qui reprend ses travaux aujourd’hui, ayant toujours le dernier mot. L’important est d’une autre nature.
Parce qu’il est aux trois quarts composé d’élus des bourgs et des petites villes, le corps électoral des sénatoriales représente indirectement cette France dite profonde, que l’on classait plutôt à droite et que l’on considérait plutôt conservatrice. À sept mois de la présidentielle, le score de dimanche est un précieux indicateur de l’état d’esprit d’élus braqués contre une fausse décentralisation, et de territoires en proie au sentiment d’abandon.
Seconde considération majeure, il faut analyser ce résultat, certes comme une continuation logique des dernières élections locales au profit de la gauche, mais tout autant comme une défaite de la droite.
Les dissidents de l’UMP ont tous été préférés par les électeurs. Les compétitions internes à la majorité et les divisions de l’UMP – Paris, le Morbihan, les Hauts-de- Seine, lesPyrénées-Atlantiques… – ont amplifié de sept ou huit sièges, jusqu’au basculement, le score de l’opposition. La personne et la politique de Nicolas Sarkozy provoquent des rejets, au-delà du périmètre classique de la gauche.
Cette défaite est donc à la fois celle du président de la République, victime d’une crise de confiance que ne corrigent pas sa présidentialisation tardive et son succès en Libye. Celle de François Fillon, mal parti pour faire d’une UMP qui tangue une rampe de lancement pour la mairie de Paris. Celle de Jean- François Copé et Jean-Claude Gaudin, impuissants à mater les guerres picrocholines qui minent la majorité.
Pour la droite, la conclusion relève de l’évidence : face à une gauche qui gère ses différences, il faut rassembler. Rassembler l’UMP ? Ce n’est pas gagné lorsque l’on constate que l’étiquette est souvent jugée contreproductive.
Rassembler la droite ? En gagnant des sièges, les centristes et les radicaux considèrent avoir démontré que l’on ratisse plus large à deux que seul. Pour Nicolas Sarkozy, ils ont surtout pénalisé le parti présidentiel. Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Dominique de Villepin et même François Bayrou doivent s’attendre à recevoir des émissaires de l’Élysée et de l’UMP pour s’entendre rappeler que l’union fait l’élection.
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