TOUT EST DIT

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jeudi 17 février 2011

L'autre nom de l'austérité

Jouer sur le vocabulaire fait partie de l'art de la politique. Un exemple en est donné par Angela Merkel, avec le « pacte de compétitivité » qu'elle propose à ses partenaires européens. Pressée par une opinion publique allergique aux dépenses à fonds perdus en faveur d'Etats réputés laxistes, la chancelière s'en est d'abord tenue à la ligne fixée par le traité de Maastricht -le chacun-pour-soi en matière de finances publiques. Le cours des événements l'ayant ensuite convaincue que l'éclatement de l'euro comporterait pour l'économie allemande beaucoup plus d'inconvénients que d'avantages, elle s'est convertie à la solidarité communautaire. Mais il lui fallait présenter ce changement de cap en termes positifs, et sans trop effaroucher, d'un côté, ses compatriotes opposés aux largesses, et de l'autre les populations des pays en difficulté, déjà durement éprouvées : « compétitivité » et « convergence » étaient les mots magiques. On sait ce qu'ils signifient pour Angela Merkel : entre autres, un tour de vis sur les salaires, une extrême rigueur budgétaire, gravée dans le marbre par des règles constitutionnelles, l'harmonisation vers le haut de l'âge de la retraite... Et pour faire appliquer ces contraintes, le resserrement de la surveillance mutuelle au sein de l'Union. Berlin consent au « gouvernement économique » européen, à condition d'en fixer le programme.

Cette incitation à la compétitivité, autre nom de l'austérité, implique une logique économique nouvelle en Europe : la croissance ne doit plus être tirée par la demande intérieure, mais par les exportations. L'Allemagne donne l'exemple : son excédent commercial de 63 milliards d'euros pour les trois premiers trimestres de 2010 contraste avec les 170 milliards de déficit cumulé des 26 autres pays membres de l'Union. En somme, les Allemands disent à leurs partenaires : « Ressemblez-nous ». Consigne pertinente pour surmonter la crise de la dette, mais qui risque, si elle est appliquée avec trop de constance, de repousser à un horizon très lointain une vraie reprise sur le continent.

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