TOUT EST DIT

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lundi 3 janvier 2011

Une année «utile»

Cela n’allait donc pas de soi. Et ça va toujours mieux en le disant. Le président de la République a été bien inspiré en exhortant le pays, lors de ses voeux, à faire en sorte que 2011 soit «une année utile». Les Français ne demandent pas mieux, un peu saoulés, il faut bien le dire, par l’effervescence permanente d’un débat public saturé par le gaz carbonique des volatiles polémiques. Les enquêtes sociologiques montrent que 40% ne s’identifient à aucun des protagonistes de la scène politique, et plus de deux sur trois se sentent parfaitement étrangers aux combats qu’ils se livrent. De quoi refroidir un peu les ardeurs pour 2012.

La campagne, pourtant, va inexorablement s’accélérer. Les effets pernicieux du quinquennat sont irrésistibles. Si notre démocratie a sans doute gagné en cohérence en marginalisant les risques de cohabitation, elle a perdu en sérénité en raccourcissant l’espace entre deux présidentielles. Le rendez-vous est si écrasant dans les institutions que sa fréquence a balayé tout le reste. A la durée monarchique du septennat, sans équivalent dans les exécutifs européens, a succédé une pratique hyperprésidentielle assumée, dictée au moins autant par la nouvelle logique des institutions que par le tempérament du locataire actuel de l’Elysée.

Inutile de spéculer sur la revalorisation a posteriori de la sagesse moderne du mandat de sept ans puisqu’on ne reviendra pas en arrière. Il en va de même pour l’euro. En qualifiant la tentation du renoncement à la monnaie unique de «pure folie», le chef de l’Etat a d’ailleurs choisi les mots qu’il fallait pour dénoncer un fantasme dangereux avant qu’il ne devienne une de ces hypothèses dérivatives dont la France raffole quand elle veut différer le moment d’affronter les difficultés de son époque.

Si le personnel politique français était raisonnable, les conditions imposées par 2011 devraient le conduire à expurger ses discours de toute démagogie. Pas gagné... L’annonce de la possible instauration des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels relève d’un registre électoraliste traditionnel et pénalisant. Sans même parler du doute contestable qu’elle fait planer sur le laxisme supposé des magistrats et la qualité de la justice, une telle réforme supposerait d’énormes moyens financiers, exigerait plus de juges et ralentirait nombre de procédures déjà beaucoup trop longues. Un coût exhorbitant en 2011! Il ne s’agit pas d’avoir peur du peuple. Même des socialistes comme Manuel Vals souscrivent à l’idée présidentielle qui mérite au moins d’être mise sur la table. Mais si on veut rendre service au pays, est-ce vraiment le moment d’ouvrir un chantier aussi explosif, voué à un échec certain dans un temps aussi court? Soyons utiles, oui, mais pas seulement dans le verbe.


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