TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 3 janvier 2011

La domination des émergents

Dans la décennie qui vient de commencer, il y a au moins une certitude : les pays émergents vont commencer à dominer l'économie mondiale. En réalité, cette domination se dessine déjà dans les chiffres du passé. L'an dernier, les exportations des pays du Sud ont dépassé celles du Nord. Et les opérations de fusion ou d'acquisition impliquant au moins une entreprise d'un pays émergent ont porté sur un montant plus élevé que les opérations impliquant un groupe européen. Cette année, les pays en développement vont brûler davantage de pétrole que les pays développés. Et en 2013, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la production des pays émergents et en développement dépassera pour la première fois celle des économies avancées (PIB mesurés à parité de pouvoir d'achat). Il n'y a pas ici de « découplage », contrairement à ce que l'on entend souvent : les deux mondes accélèrent et ralentissent en même temps. Mais, depuis le milieu des années 2000, les émergents avancent de 3 % à 5 % plus vite que les pays anciennement industrialisés, dans la tempête comme par beau temps.

La « reprise à deux vitesses », comme l'appelle l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, crée de nouveaux défis. Le premier est une pression accrue sur les matières premières. Le baril de pétrole approche déjà les 100 dollars. Les autres produits industriels de base vont aussi être très sollicités dans les prochaines années par des économies émergentes qui en consomment beaucoup. Les pays développés risquent alors de devoir gérer une conjoncture voisine de celle des années 1970 : une faible croissance et pressions inflationnistes. Le deuxième défi concerne les pays du Sud, et il est déjà visible. Leur dynamisme attire les capitaux, mais leurs systèmes financiers ne sont pas encore assez développés pour encaisser un tel afflux sans risque. Le même phénomène entraîna les deux dernières secousses majeures des émergents - la crise asiatique de 1997-1998 et la crise latino-américaine du début des années 1980.

Pour parvenir à une croissance mieux équilibrée, les deux mondes ont aussi chacun leur chantier. Les pays du Nord doivent maîtriser leurs dettes qui ont trop financé la croissance depuis une décennie. Les excès d'emprunt ont creusé des trous béants dans les comptes des Etats, et aussi dans les bilans des ménages et des banques. Les pays du Sud, eux, doivent enfin suivre le mot d'ordre de Mao -compter sur leurs propres forces, et non plus sur les seules exportations vers un Nord affaibli. Rien de tout cela n'est impossible.

0 commentaires: