TOUT EST DIT

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lundi 3 janvier 2011

Le Pen, bis repetita

En digne fille de son père, Marine Le Pen a prouvé sa capacité à préempter les thèmes de débat et à lancer des polémiques.
Fin de la rétrospective 2010. Après l’homme de l’année, François Fillon, et le fantôme de l’année, Dominique Strauss-Kahn, la révélation de l’année : Marine Le Pen, la probable future présidente du Front national. On le saura dans quinze jours au congrès de Tours où Jean-Marie Le Pen devrait passer le relais à sa fille après près de quarante ans à la tête du parti d’extrême-droite. Mais quelque soit l’issue de son duel avec Bruno Gollnisch, Marine Le Pen s’est imposée comme un des phénomènes de l’année 2010.

Phénomène électoral d’abord. Aux régionales, elle a fait presque jeu égal dans le Nord Pas-de-Calais avec la liste de l’UMP conduite par la ministre Valérie Létard. Phénomène médiatique ensuite. On l’a vue sur tous les plateaux avec une précision révélatrice : toutes les émissions nouvelles (journal de direct 8, Mon beau miroir sur Paris Première), l’ont choisie comme première invitée. C’était pour elles l’assurance de faire à la fois de l’audience et du buzz, comme on dit. D’ailleurs, avec 3,4 millions de téléspectateurs, presque autant que Dominique Strauss-Kahn et largement plus que François Fillon et Martine Aubry, elle a offert une de ses meilleures audiences à A vous de juger, l’émission d’Arlette Chabot. Percée dans les sondages encore. Dans tous les baromètres, elle a gagné autour de 5 points à la fin de l’année.

Mais, en digne fille de son père, Marine Le Pen a surtout prouvé sa capacité à préempter les thèmes de débat et à lancer des polémiques. Ce qu’elle a fait en comparant les prières de rue des musulmans en France à une forme d’occupation. Un piège dans lequel ses adversaires politiques ont foncé tête baissée. Parce qu’elle a employé le mot « occupation », beaucoup ont cru au dérapage, sur le mode du « détail » tristement célèbre de son père. En fait, elle s’est placée sur le thème de la défense de la laïcité. Et dans l’opinion, ça a fait mouche.

Cette percée de Marine Le Pen est-elle un simple effet de mode ou représente-t-elle une vraie menace pour Nicolas Sarkozy ? En tous cas, la droite redoute un score élevé de la candidate du FN à la présidentielle. Jean-François Copé l’a dit haut et fort. Certains comme François Fillon lui ont reproché de le dire. Mais tous le pensent.

Le danger pour Nicolas Sarkozy est réel pour trois raisons.

- La première c’est qu’en 2007, il avait réussi à siphonner, comme il disait les voix du Front national. Or ces électeurs là comptent parmi les premiers déçus du sarkozysme.

- Deuxième raison, la personnalité de Marine Le Pen plus charmeuse et sentant moins le souffre que son père. Elle n’a aucun compte à régler avec la seconde guerre mondiale. Donc la barrière morale qui retenait une partie des électeurs de droite, mais aussi de gauche, à voter Le Pen pourrait être moins étanche qu’avant.

- Enfin, il y a le climat économique, la crise et ses conséquences sociales, le scepticisme croissant à l’égard de l’euro. Les crises ont toujours fait le jeu des extrêmes et Marine Le Pen, plus encore que son père, cible dans son discours les catégories populaires. D’ailleurs dans ses vœux sur Internet, elle s’adresse en priorité, je la cite, « à ceux qui souffrent de la précarité, du chômage et de la dégradation sanitaire et sociale ».

En 2011, elle nourrira encore les cauchemars de ses adversaires.

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