Nous connaissons déjà le fait majeur de l'année qui s'ouvre. C'est, en effet, en 2011 que nous approcherons du seuil des sept milliards d'êtres humains peuplant le Terre. Nous le franchirons dans les dernières semaines de 2011 ou dans les premières semaines de 2012.
Sept milliards d'hommes et de femmes sur Terre ! L'auteur de ces lignes est né en 1929, quand la Terre ne comptait que deux milliards d'habitants. Cinq milliards de plus dans le temps d'une vie humaine. Incroyable. À elle seule, la population vivant aujourd'hui représente près de 10 % du total de l'humanité depuis l'origine de celle-ci, total évalué par les spécialistes, depuis l'apparition de « l'homo sapiens sapiens », à 80 milliards d'êtres humains (1).
Et pourtant, depuis 1929, que de crises, que de guerres, que d'exterminations ! Ce n'est pas une humanité tranquille, occupée à son seul bien-être, qui a explosé de cette façon. C'est une humanité agitée, belliqueuse, ravagée par les crises et par les guerres. Mais une humanité qui a su, malgré tout, endiguer ces vagues de chômage et ces flots de sang. Qu'on en juge. Au cours des plus récentes décennies, la pauvreté et les conflits sanglants n'ont jamais autant reculé, contrairement à l'opinion la plus répandue. Voyons les faits au-delà des images complaisamment diffusées pour nous effrayer ou, plus simplement, pour retenir notre attention.
Selon un rapport de la Banque mondiale, publié en 2008, la pauvreté absolue (évaluée à moins d'un euro de revenu par jour, chiffre évidemment discutable, mais qui permet les comparaisons dans le temps) aurait concerné 1,4 milliard d'individus en 2005, contre 1,9 en 1981, soit une baisse de 25 % en un quart de siècle. La chute est encore plus spectaculaire en pourcentage de la population mondiale, puisque celle-ci a fortement augmenté dans le même temps. C'est en Chine que la pauvreté a le plus reculé, à la suite de l'abandon du système soviétique d'économie planifiée, par Deng Xiaoping, à la fin des années 1970, et à la mise en place d'un système « d'économie socialiste de marché ».
Moins de pauvres,moins de guerres
Par d'autres voies, l'Inde ¯ qui sera bientôt plus peuplée que la Chine ¯ a, elle aussi, fait reculer la pauvreté. En revanche, celle-ci s'est accrue en Afrique, bien qu'une nette amélioration soit apparue dans les années récentes. Certes, la crise financière et économique qui a éclaté en 2007, et qui n'est pas encore résorbée, a fait réapparaître des îlots de pauvreté (à des niveaux de revenus beaucoup plus élevés que ceux évoqués ci-dessus) en Europe et aux États-Unis. Mais le fait que la pauvreté recule au niveau de l'humanité n'est nullement indifférent pour la sortie de crise dans les pays développés.
Les chiffres surprennent encore plus, s'agissant des morts dans des conflits politiques (guerres, révolutions, exterminations systématiques, terrorismes...) L'historien André Larané s'est livré à une évaluation, par décennie, des morts de ce type depuis deux siècles. Jamais le nombre des victimes n'a été aussi faible que depuis dix ans, malgré les conflits sanglants au Moyen Orient et en Afrique. Selon l'auteur, ces morts se seraient élevés à moins d'un million durant la première décennie du XXIe siècle, contre une moyenne de deux millions par décennie durant la deuxième moitié du XXe siècle et à une cinquantaine de millions par décennie durant la période sinistre des deux guerres mondiales, de l'extermination des juifs par les nazis et des révolutions en Russie et en Chine.
Moins de pauvreté, moins de morts violentes, dans une humanité qui atteint sept milliards de vivants, cela ne signifie pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais cela veut dire que le genre humain n'est pas condamné au suicide, qu'il peut faire face aux crises et aux violences d'aujourd'hui, de même qu'aux risques que lui-même fait peser sur les équilibres et les ressources de la nature. L'homme reste une chance pour l'humanité.
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