lundi 3 janvier 2011
Le bout du tunnel ?
Après deux années de crise, et alors que les finances publiques sont, partout dans le monde, dans l’œil du cyclone, les vœux des gouvernants constituent un exercice périlleux. Difficile de peindre la vie en rose quand le chômage augmente et que les pays plongent, tour à tour, dans des cures d’austérité ! Mais pas question, à l’inverse, d’annoncer de mauvaises nouvelles : il faut po-si-ti-ver, extraire des coins de ciel bleu de la grisaille ambiante et faire miroiter le bout du tunnel que, rappelons-le, Jacques Chirac, alors Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, avait entrevu dès 1974, sans jamais que le train France n’ait réapparu, depuis, à l’air libre…
Concis, européen, mobilisateur, Nicolas Sarkozy n’a pas nié les épreuves de 2010, admettant la hausse du chômage et affirmant que les travailleurs paient une crise dont ils ne sont nullement responsables. C’est habile, car c’est exactement ce que pensent les Français. Le problème réside dans la suite : à entendre le président de la République, 2011 ne pourrait être que meilleure, puisque les « grandes réformes engagées » commenceraient « à porter leurs fruits ».
Cette version moderne du bout du tunnel est pour le moins audacieuse, car si le choc de la récession a effectivement été amorti, en France, grâce au système d’aides sociales – autrefois durement critiqué par le président de la République —, la reprise est beaucoup plus molle chez nous que chez nos voisins. L’écart se creuse avec l’Allemagne, ce qui prélude à l’approfondissement de la crise de l’euro plutôt qu’à sa résolution. En un mot, ni la France ni l’Europe ne sont sorties de l’auberge espagnole (et grecque, et irlandaise). L’image du président protecteur risque de ne durer que le temps de voir fondre la neige de l’hiver. Dès le printemps, on entrera dans le dur avec une réforme fiscale qui s’annonce douloureuse pour les classes moyennes, et la mise en place d’une couverture de la dépendance dont le Premier ministre a déjà annoncé qu’elle ne devrait pas alourdir le déficit public. Pour ce dossier emblématique comme pour tous les autres, il va falloir faire avec ce qu’on a… et on a surtout des dettes. Dans ce contexte, l’année « utile » consistera à tenir sans accident de parcours majeur jusqu’en 2012, année de la présidentielle. Jacques Chirac avait utilisé exactement le même mot d’ordre en 2001, seize mois avant la même échéance !
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