TOUT EST DIT

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lundi 6 décembre 2010

Renforcer les liens avec l'Inde

Dans le monde multipolaire qui, en l'espace de dix ans, vient de s'affirmer, deux tendances lourdes dominent. On assiste, au jour le jour, à un basculement progressif de la richesse au profit d'acteurs émergents, surtout asiatiques. La Chine est désormais la deuxième puissance mondiale, l'Inde la dixième. Dans vingt ans, selon plusieurs études, elles pourraient être respectivement la première et la troisième.

L'autre tendance, c'est la complexité grandissante du jeu diplomatique, dans un monde où les alignements sont, pour l'heure, à géométrie variable. Tout le monde parle à tout le monde, commerce avec tout le monde. Même si l'héritage de la guerre froide se fait encore sentir, ici ou là, le développement notable des échanges entre les pays du Sud contraint les puissances du Nord à n'exclure aucun interlocuteur.

C'est dans ce contexte que s'inscrit la visite de Nicolas Sarkozy en Inde. Souvent éclipsé par l'omniprésence de la Chine sur la scène internationale, le géant indien revêt un enjeu qui n'échappe à aucune grande capitale. À la récente visite d'Obama ¯ qui, sur ce point, poursuit le rapprochement entamé par Bush ¯ suivra bientôt celle de Medvedev. Entre les deux, la France ¯ dont l'actuelle présidence du G 20 offre une raison supplémentaire de renforcer les liens bilatéraux ¯ n'entend pas être en reste. Ceci explique l'imposante délégation de ministres et de chefs d'entreprise qui accompagnent le chef de l'État.

En matière de défense, de nucléaire civil, de transports et d'infrastructures, la France a plusieurs cartes commerciales à jouer. Mais elle a aussi, avec ce partenaire, un retard à combler. Elle n'est actuellement que le cinquième exportateur européen vers l'Inde. La facilité d'échange que devrait fournir l'anglais comme langue de communication n'est quasiment pas exploitée. La précédente visite du président français, en janvier 2008, une visite-éclair, culturellement ressentie comme un manque de respect par l'hôte indien, n'avait pas aidé à resserrer le lien.

Avec une croissance qui continue de dépasser 8 %, malgré la crise, l'Inde est pourtant le deuxième moteur de l'économie mondiale. Avec 1,2 milliard d'habitants, elle demeure la plus grande démocratie du globe. Bangalore, où se trouvait, samedi, Nicolas Sarkozy, est une formidable vitrine du développement de ses nouvelles technologies. Les Indiens n'ont pas seulement inventé le zéro, ils le manient avec science. L'informatique est, depuis vingt ans, leur domaine d'excellence. L'aérospatiale leur nouveau chantier.

Avec une richesse produite par habitant deux fois et demie plus faible qu'en Chine, le deuxième colosse asiatique est toutefois encore très fragile. Ses infrastructures accusent un sérieux retard. Sa politique agraire ne lui permet pas de relever les défis alimentaires à venir. La pauvreté, notamment de sa population rurale, l'expose à des déstabilisations, islamiste ou maoïste.

Renforcer les liens avec l'Inde, c'est non seulement une opportunité économique pour la vieille Europe, c'est aussi une façon de soutenir, face à la puissance chinoise, un acteur démocratique dans le monde asiatique qui s'affirme. Hormis le Japon, ils ne sont pas si nombreux. Le partenariat stratégique sur le nucléaire et le soutien de Paris à l'entrée de l'Inde au Conseil de sécurité de l'Onu sont deux importants gages politiques de bonne entente. C'est maintenant un vrai suivi dont la relation franco-indienne a besoin.

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