Les primaires,
tremplin ou piège ?
tremplin ou piège ?
Les primaires socialistes devaient servir de tremplin au candidat du PS à l'élection présidentielle et, en même temps, assurer une certaine sérénité au sein du parti en le préservant des coups bas et des batailles d'ego - mais elles sont devenues un objet de discorde, de soupçons et de manoeuvres. En annonçant de façon précoce et fracassante sa propre candidature, Ségolène Royal réagit au « pacte » de non-concurrence conclu entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn. Elle avait d'abord fait mine de s'y rallier - sans y avoir été invitée -avant de le dénoncer avec véhémence : elle avait en effet quelques raisons de voir dans un tel accord un « ticket » à l'américaine, répartissant à l'avance entre les deux candidats les plus populaires les postes de président et de Premier ministre. Elle réplique aujourd'hui en promettant crânement à DSK - qui, pour l'instant, la devance largement dans les sondages -de lui confier Matignon si elle remportait l'élection…
En toile de fond de cette bataille d'éléphants se dessine le risque d'un échec des primaires. Celles-ci, comme l'ont fait remarquer quelques outsiders de la course à l'Elysée, seraient privées de tout intérêt par un pacte entre les deux favoris, le résultat étant dans ce cas connu d'avance. Autre facteur délétère, l'incertitude sur la candidature de DSK : plus il fait durer le suspense, plus il laisse penser qu'il est résolu à entrer en lice - si ce n'est pas le cas, pourquoi ne pas l'annoncer tout de suite ? Mais s'il décidait au dernier moment de renoncer, le candidat finalement sélectionné apparaîtrait comme un « deuxième choix » et ne serait crédité que d'une demi-victoire. On estime à 4 millions le potentiel de votants aux primaires socialistes. Si la participation était très inférieure à ce chiffre, le résultat final pourrait difficilement passer pour un adoubement populaire massif - et le tremplin se transformerait en piège.
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