La soixantaine d'héritiers du fondateur Thierry Hermès, réunis en trois branches Dumas, Puech et Guerrand, détiennent aujourd'hui environ 73% du capital du sellier, en direct, sans être liés par des accords de préemption ou des pactes d'actionnaires.
Il s'agissait donc pour eux de trouver la parade face à LVMH, qui pouvait se présenter comme l'acheteur naturel d'actionnaires familiaux arrivant maintenant à la sixième génération, ayant des intérêts divergents et pouvant vouloir céder leurs titres au fil de l'eau.
Réunis vendredi à Paris, les actionnaires familiaux ont finalement opté, à l'issue d'une journée entière de discussions, pour une société holding à laquelle seront apportés plus de 50% du capital et ayant des droits de préemption sur les actions de la famille qui ne lui seront pas présentées.
"La famille a décidé de confirmer son unité à long terme en créant une société holding familiale distincte d'Emile Hermès SARL, dont la vocation sera de détenir des actions apportées par les membres familiaux représentant plus de 50% du capital d'Hermès International", lit-on dans un communiqué diffusé dimanche.
ENGAGEMENT "IRRÉVOCABLE"
Cette nouvelle société aura un droit de préférence sur les titres restés détenus en direct, assurant ainsi la liquidité aux membres de la famille qui voudraient les céder.
Hermès ne précise pas par quel moyen cette liquidité sera assurée. Elle pourrait provenir des dividendes générés par les actions qu'elle détient.
A terme, cette holding aurait ainsi vocation à contrôler la totalité des 73% du capital d'Hermès.
"L'engagement de la famille de constituer ce holding majoritaire est irrévocable", poursuit Hermès.
La famille "veut faire passer un message fort à LVMH sur le fait qu'elle entend conserver le contrôle capitalistique de la société à très, très long terme", a précisé une porte-parole d'Hermès.
Pour sa part, LVMH se refusait dimanche à tout commentaire.
L'opération sera sans effet sur les pouvoirs de l'associé commandité Emile Hermès SARL, contrôlé par la famille et qui a la maîtrise de la gérance du groupe.
En créant une société holding ayant plus de 33% du capital, Hermès devrait faire, dès lundi, une demande de dérogation auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) afin de ne pas devoir lancer une offre publique d'achat sur le solde du capital.
Mercredi dernier, Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), était montée au créneau, en indiquant dans un courrier transmis à l'AMF qu'elle demanderait, dans ce cas de figure, le dépôt d'une OPA et qu'elle ferait appel de toute demande de dérogation.
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