Dans la vie internationale, une telle unanimité est rare : personne ne met en doute la victoire d’ Alassane Ouattara lors du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo a beau s’être fait proclamer chef de l’État par un Conseil constitutionnel à sa main, le représentant local des Nation unies, Barack Obama ou Nicolas Sarkozy ont refusé de temporiser : pour eux, Alassane Ouattara est bien l’élu du suffrage universel. L’Union africaine, pour sa part, n’entérine pas non plus le passage en force de Laurent Gbagbo. Elle a nommé un médiateur, en la personne de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki.
Hier en fin d’après-midi, on ne pouvait se réjouir que d’une seule chose : le calme semblait prévaloir en Côte d’Ivoire. Tout doit être fait pour éviter que le pays n’entre dans un nouveau cycle de violence qui raviverait la coupure en deux du pays entre le Nord, acquis à Alassane Ouattara, et le Sud, fief de Laurent Gbagbo. De ce point de vue, la dignité dont a fait preuve le premier dans les heures qui ont suivi l’autoproclamation de Laurent Gbagbo mérite d’être saluée. La fermeté dont a fait montre le représentant des Nations unies doit également être relevée. Dans d’autres circonstances, par exemple dans les Balkans, ce ne fut pas toujours le cas.
Malheureusement, cela ne suffira pas à mettre fin à l’étrange situation dans laquelle se trouve la Côte d’Ivoire, avec deux chefs d’État, l’un jouant sur l’apparence de légalité, l’autre n’ayant pour lui que sa légitimité. In fine, une seule personne peut résoudre ce problème, sans violence et dans la dignité. C’est Laurent Gbagbo. Il ne serait pas scandaleux qu’avant de quitter le palais présidentiel, il négocie les conditions de son effacement, qu’il s’emploie en particulier à obtenir des garanties afin que ses partisans ne soient pas lésés par l’alternance. En dehors de cela, il se trouve seul face à sa responsabilité, historique. Il s’était solennellement engagé à respecter le verdict des urnes. C’est cette promesse qu’il doit tenir.
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