Certains se plaignent de ce que les habitants de ces pays là ne nous veulent pas du bien. Qu’ils veulent nous prendre nos emplois, nos allocations familiales. Qu’est-ce que Schengen nous a donc apporté, si c’est pour voir notre petit Danemark dévasté par ces gangsters qui nous envahissent comme des mauvaises herbes depuis que les frontières ont depuis longtemps disparu ? Voilà ce qu’on a pu maugréer au Danemark ces derniers temps. Au risque de violer la loi sur la discrimination raciale.
Notre manque de perspective historique est tragique, au même titre que notre préoccupation constante pour les avantages immédiats. N’est-il donc pas possible de raisonner à plus grande échelle ? Moi, je le peux. Je me réjouis tous les jours de vivre dans une Europe quasiment unie. Et d’avoir, au milieu, l’Europe centrale, sans laquelle je vivrai dans une Europe artificielle, partagée entre les Etats-Unis et la Russie.
2011 sera l’année de l’Europe centrale. La Hongrie prendra en effet la présidence de l’UE le 1er janvier et six mois plus tard, son successeur sera la Pologne, l’un des nouveaux pays de l’UE les plus prospères, avec près de 40 millions d’habitants, un gouvernement libéral apparemment compétent, aucun petit fasciste dans les sphères du pouvoir, des traditions et une culture anciennes, une modernisation en plein développement, une économie à croissance rapide et une situation stratégique entre l’Allemagne et la Russie.
Quant à la Hongrie, si ses ressources pécuniaires ne sont pas abondantes, elle entend travailler à consolider le bassin du Danube, une région à très fort potentiel qui va de la Bavière à la mer Noire. Ce projet paraît juste et clair.
La Pologne est plus riche, mais ses idées ne sont pas encore bien définies. Elle veut s’occuper du prochain élargissement vers l’Est, des nouvelles républiques baltes, de la désolante Biélorussie, de l’Ukraine actuellement peu prometteuse et de la Moldavie, où le problème de la Transnistrie doit être résolu afin que les Polonais puissent véritablement tenter d’améliorer les rapports entre l’UE et la Russie.
Car si les relations russo-polonaises sont satisfaisantes, elles sont loin d’être bonnes. A Varsovie, on se souvient encore de l’intervention russe contre la Géorgie en 2008 et on suit avec méfiance les manœuvres de Moscou à Berlin et Paris, visant à reléguer la Pologne sur une voie de garage.
Ce serait honteux. A côté de la gestion des dossiers concrets, la présidence danoise devrait initier un projet phare, par exemple créer un lien véritable entre les pays baltes, l’Europe centrale et cette Europe occidentale qui, faisant preuve d’une arrogance excessive, se considère depuis trop longtemps comme la véritable Europe. Le profit des plus nantis ne saurait être l’objectif de l’Union européenne.
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