Inutile de se le cacher : le risque est grand que le G 20 de Séoul où se retrouveront ce jeudi et vendredi les chefs d'Etat des principales puissances économiques de la planète soit, au-delà d'un communiqué forcément consensuel, un fiasco. Les sujets de contentieux sont tels qu'un accord de fond sur les trois points prioritaires du moment -la correction des déséquilibres commerciaux, l'amélioration de la coordination entre pays et la stabilité des changes -, paraît d'ores et déjà hors d'atteinte. A moins d'un sursaut, la seule question posée désormais, à la veille de cette rencontre, est de savoir si les dirigeants laisseront ou non éclater au grand jour leurs divergences. Creuse ou consistante, la déclaration finale apportera une partie de la réponse.
Que s'est-il passé ? Les deux premiers G 20 avaient apporté leur pierre à la construction d'un nouvel ordre économique international. En novembre 2008 à Washington, avec le soutien au secteur financier et le refus du protectionnisme en pleine crise ; au printemps 2009, à Londres, avec l'amorce de nouvelles régulations qui entrent pas à pas en oeuvre. Les deux suivants ont été en revanche plus décevants et ont été le théâtre de vrais tiraillements. Un peu, à Pittsburgh en septembre de la même année ; beaucoup à Toronto, en juin dernier. Entre ces deux périodes, l'économie est repartie cahin-caha et la peur a cessé d'être bonne conseillère. Et du coup, l'individualisme a repris le dessus.
Depuis quelques jours, le conflit sur les devises a une apparence : les récriminations d'une bonne partie de la planète (de Pékin à Moscou et de Berlin à Brasilia) contre la décision effectivement risquée des autorités monétaires américaines d'injecter pour 600 milliards de dollars supplémentaires de liquidités dans l'économie, avec pour conséquence une dépréciation du dollar vis-à-vis des autres devises pour booster les exportations. C'est la première fois depuis longtemps qu'une initiative de Washington suscite un tir de barrage aussi large. Mais cette réaction a surtout une réalité. Mettre Barack Obama dans l'embarras, c'est pour nombre de pays jeter un voile pudique sur leurs propres turpitudes. Au premier rang desquels la Chine et la sous-évaluation avérée du yuan.
Le 12 novembre au soir, Nicolas Sarkozy prendra pour un an la présidence d'un G20 certainement plus difficile à piloter qu'il ne l'espérait. Autant dire qu'il faudra être prêt à les saluer s'il obtient des résultats significatifs.
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